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Page:Suzie Kerry Michette au harem 1926.djvu/36

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à toute fin embrasser la jolie bouche de Michette qui vocifère furieusement !

— Voulez-vous me laisser… Saligaudes… Tas de chiennes en folie… ! Vous n’avez pas honte !… Voulez-vous finir !

Mais les femmes déchaînées n’entendent pas. Elles entraînent maintenant, vers un divan, Michette qui ne peut résister à la force du nombre et qui se prépare, mentalement, aux pires extrémités. Elles la jettent sur les coussins… et Michette voit d’innombrables visages aux yeux brillants, aux lèvres humides qui se penchent vers elle, des quantités de mains qui se tendent vers le petit corps apeuré, objet de leurs vœux et qu’elles ont déjà à moitié déshabillé…

Alors tout à coup, la vue de ces femmes nues, agitées comme des bacchantes ou enlacées lubriquement, criant, disputant, se bousculant pour avoir les premières places, inspire à la pauvre petite gosse une terreur panique. Perdant le contrôle d’elle-même, oubliant qu’elle ne doit attendre ici aucune protection, elle se met à hurler :

— Au secours ! Au secours !… Elles vont me faire mourir… Au secours ! Ah ! les brutes… les folles… Bande d’hystériques… voulez-vous me laisser… Ah !… Au secours !

Michette crie, se débat comme une possédée contre les femmes qui, prises de peur, essayent de la faire taire en l’étouffant sous des coussins…

Soudainement toute la bande s’éparpille avec prestesse, comme une troupe d’oiseaux surpris… cherchant les portes pour s’échapper, les coins pour se cacher, piaillant de crainte… Michette, libérée, regarde, tout étonnée de ce changement de tableau. Elle ne comprend pas tout d’abord, mais des phrases rauques émises sur un ton terrible lui font tourner la tête vers une porte qu’elle n’avait pas aperçue, et sur le seuil de laquelle se tient un grand diable cuivré, à l’air féroce.