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Page:Suzie Kerry Michette au harem 1926.djvu/47

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je revenais d’un petit voyage en Italie, on m’apprit que j’étais remercié… Le sort contraire avait voulu que pour une fois, une unique fois où l’on avait eu besoin de moi, je fusse justement absent !!! J’eus beau dire, beau faire, force me fut de regagner Paris, veuf de mon filon… et de me remettre en campagne pour découvrir une nouvelle situation. Ce n’était guère facile… Le cours de la livre avait monté dans l’intervalle, mais pas les émoluments ; les impôts enflaient avec rapidité comme les loyers, et je désespérais de me tirer d’affaires lorsqu’un journal anglais me tomba sous la main tout à fait par hasard, dans lequel je trouvai un article sur les eunuques. On disait que depuis que les Anglais avaient interdit aux Indes la castration des enfants, le recrutement était devenu presque impossible, aucun homme ne voulant se prêter volontairement à l’opération… Aussi les quelques rares types qui voulaient bien se livrer au sacrificateur étaient-ils traités magnifiquement. C’était pour eux la vie luxueuse et confortable, la fortune assurée… Cela me laissa rêveur. J’avais justement appris à baragouiner l’hindoustani pendant mon séjour à la S. D. N. « Voilà, me dis-je, un truc intéressant, seulement le prix qu’il faut y mettre est bien terrible. »

— Oh ! là, là, s’écrie Michette en le serrant dans son bras, si tu avais fait ça, mon grand chéri, quel malheur !

— Aussi, je n’en avais pas du tout envie, sourit Salim, mais à force d’y penser l’idée d’user d’un stratagème finit par s’imposer à moi. Je fis quelques essais et enfin, sûr de la réussite, je décidai de tenter la chance.

— Oh ! dis-moi d’abord ton stratagème, implore Michette,

— Hum… Ce n’est pas facile. Tu connais le conte de La Fontaine intitulé Les Lunettes ?

— Ma foi, je connais les contes, mais celui-ci m’échappe…

— Voyons… il est question d’un jeune jouvenceau qui s’introduit dans un couvent sous l’habit des nonnains…