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Page:Suzie Kerry Michette au harem 1926.djvu/5

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dit, j’en ai assez de piétiner sur place pour n’arriver jamais à rien et consumer ma belle jeunesse dans la monotonie… Eh bien ! voilà, je change de métier ! Je me fais dame de compagnie, première femme de chambre, secrétaire, ce qu’on voudra, et j’offre mes services à une étoile pourvue de talent — mettons génie — mais dépourvue d’orthographe, une étoile qui doit voyager, qui se dispose même à partir pour les Indes : Irma Frodytte, qui fait partie de la tournée qui voiture à travers le monde la dernière pièce à succès : Adolphe et son minet. Je sais que Josette sa première femme de chambre actuelle la plaque. Elle est comme toi, elle ne veut pas quitter Panam ! Tiens ! J’y cours tout de suite, chez Frodytte, conclut-elle en se mettant debout d’un bond. La lumière jaillissante de l’électricité fait fermer les yeux à Mine. À peine les rouvre-t-elle que déjà son amie est devant elle, chapeautée, parfumée, poudrederizée, enveloppée dans son manteau de fourrure, ravissante et radieuse… et qui lui dit :

— Au revoir, ma petite Mine, reste encore si tu veux, tu m’apporteras mes clés ce soir, au théâtre… Je dînerai dehors…


ii


— Madame, c’est une personne qui voudrait parler à Madame. Voici sa carte. Je l’ai fait entrer dans le salon chinois.

Irma Frodytte, la divette célèbre, eut un mouvement d’humeur, son caractère n’est jamais bien facile, mais en ce moment elle est à peine abordable… étant occupée à se faire une beauté fascinante pour aller dîner au cabaret avec l’imprésario qui l’a engagée pour une triomphale tournée au pays du Bouddha. Les noirs, les rouges, les bleus, les blancs, les ocres, les kohls, les parfums, et je ne sais quoi encore, étalent leur sortilège sur la table de toilette… C’est que l’étoile se donne un mal infini pour soutenir une réputation de beauté