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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/174

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LE RÉGIME MODERNE


les minimes, c’est lui qui les décerne. En premier lieu, sur le seul territoire de l’ancienne France, Napoléon a deux ou trois fois plus de places à donner que les anciens rois ; car, même dans le choix de leur personnel, ceux-ci n’étaient pas toujours libres ; en beaucoup d’endroits, ils n’avaient pas ou ils n’avaient plus le droit de nomination. Tantôt ce droit, par titre immémorial, appartenait à des corps provinciaux ou municipaux, laïques ou ecclésiastiques, à tel chapitre, abbaye ou collégiale, à l’évêque dans son diocèse, au seigneur dans sa seigneurie ; tantôt le roi, ayant possédé le droit, s’en était dessaisi et l’avait aliéné, en tout ou en partie, par faveur gratuite et concession d’une survivance, ou moyennant finance et par vente d’un office : bref des privilèges héréditaires ou acquis lui liaient les mains. — Il n’y a plus de privilèges pour gêner les mains du Premier Consul. Toute l’organisation civile date de lui : ainsi, tout le personnel civil est de son choix ; et le sien est bien plus nombreux que celui de l’ancien régime, car il a étendu, au delà de toutes les limites anciennes, les attributions de l’État ; directement ou indirectement, il nomme par centaines de mille tous les maires et conseillers municipaux ou généraux, tout le personnel de l’administration, des finances, de la judicature, du clergé, de l’Université, des travaux publics et de l’assistance publique, outre cela les myriades d’officiers ministériels, notaires, avoués, huissiers, commissaires-

    la conduite et les principes religieux de chacune des jeunes demoiselles ».