Aller au contenu

Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


et 1814, il y a des lieutenants-colonels, des colonels de vingt-cinq ans.

Dans l’ordre civil, si l’on est moins tué, on est presque autant surmené. Sous ce règne, un homme s’use vite, au physique et au moral, même dans les emplois pacifiques, et cela aussi fait des vacances ; d’ailleurs, à défaut de la mort, des blessures et de l’élimination violente, une autre élimination, non moins efficace, opère de ce côté, et depuis longtemps, en faveur des hommes de mérite, pour leur préparer des places et pour accélérer leur avancement. Napoléon n’accepte que des candidats compétents ; or, en 1800, pour les places civiles, il y a disette de candidats acceptables, et non pas, comme en 1789 ou comme aujourd’hui, surabondance, encombrement. — Dans l’ordre militaire, la capacité est surtout innée ; les dons naturels, courage, sang-froid, coup d’œil, activité physique, ascendant moral, imagination topographique, en sont la principale part ; en trois ou quatre ans, des hommes qui savaient tout juste lire, écrire et faire les quatre règles, sont devenus, pendant la Révolution, des officiers excellents et des généraux vainqueurs. — Il n’en est point ainsi de la capacité civile ; elle comporte des études longues et suivies ; pour faire un prêtre, un magistrat, un ingénieur, un professeur, un préfet, un percepteur, il faut un homme qui ait appris la théologie ou le droit, les mathématiques ou le latin, l’administration ou les finances ; sinon, le fonctionnaire n’est pas en état de fonctionner : à tout le moins, il doit

  le régime moderne, ii.
T. X. — 12