Aller au contenu

Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
LE RÉGIME MODERNE


nistrateurs, et les administrateurs contre les administrés, mais encore la communauté, qui est perpétuelle, contre ses gérants, qui sont temporaires, pour assigner à chaque membre sa quote-part dans les obligations ou les charges et sa quote-part dans l’influence ou l’autorité, pour régler la façon dont la société devra se défrayer et se régir, pour choisir et autoriser le statut équitable, pour, en surveiller et en imposer l’exécution, c’est-à-dire, en somme, pour maintenir à chacun son droit et faire payer par chacun son dû. — Cela est difficile et délicat ; mais, cela fait, la personne collective est, autant qu’une personne individuelle, complète et définie, indépendante et distincte de l’État ; au même titre que la personne individuelle, elle a son cercle propre d’initiative et d’action, son domaine à part, qui est sa chose privée. De son côté, l’État a le sien, qui est la chose publique ; ainsi, par nature, les deux cercles sont séparés ; il ne faut donc pas que l’un des deux ronge et empiète sur l’autre. — Sans doute, les sociétés locales et l’État peuvent s’entr’aider, se prêter leurs agents, éviter ainsi les doubles emplois, réduire leur personnel, diminuer leurs dépenses, et, par cet échange de bons offices secondaires, faire mieux et plus économiquement leur service. Par exemple, la commune et le département peuvent laisser à l’État le soin de recouvrer et d’encaisser leurs centimes additionnels, lui emprunter à cet effet ses percepteurs et autres comptables, et toucher ainsi leurs revenus sans difficulté, au jour dit, presque gratis. Pareillement, l’État a grandement rai-