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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/35

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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


l’adolescent, de huit à dix-huit ans, n’entrait pas dans la solitude et la promiscuité d’une caserne civile ; il restait à portée de ses parents. S’ils étaient trop pauvres pour payer au collège les 300 francs de pension, ils mettaient leur fils dans une famille honnête, chez un artisan ou petit bourgeois de leur connaissance ; là, avec trois ou quatre autres, il était logé, blanchi, soigné, surveillé, avec place à la table, au feu, à la chandelle ; chaque semaine, il recevait de la campagne sa miche de pain, ses petites provisions ; la maîtresse du logis lui faisait sa cuisine et raccommodait ses nippes, le tout pour deux ou trois livres par mois[1]. — Ainsi fonctionnent

    Belley, les professeurs sont les congréganistes de Saint-Joseph : 250 élèves, 9950 francs de revenu, en capitaux placés sur les pays d’États et anéantis par la Révolution. — À Thoissy, 8000 francs de rente en biens-fonds qui ont été vendus, etc. — Deux-Sèvres, par Dupin, an IX, et analyse par Ferrière, 48 : « Avant la Révolution, chaque ville du département, excepté Châtillon, avait son collège. — À Thouars, 60 pensionnaires à 300 livres par an et 40 externes. À Niort, 80 pensionnaires à 450 livres par an et 100 externes. » — Aisne, par Dauchy, 88. Avant 1789, presque tous les petits collèges étaient gratuits, et dans les grands collèges il y avait des bourses au concours. Sauf les grands bâtiments, tous leurs biens ont été aliénés et vendus, ainsi que les biens des 60 communautés qui donnaient aux filles l’instruction gratuite. — Eure, par Masson-Saint-Amand. Avant 1789, 8 collèges, tous supprimés et éteints. — Drôme, par Collin, 66 : « Avant la Révolution, chaque ville avait son collège, etc. »

  1. Cf., pour le détail de ces mœurs, Marmontel, Mémoires, I, 16 ; M. Jules Simon les a retrouvées plus tard et décrites dans ses souvenirs de jeunesse. — À la fin du règne de Louis XV, La Chalotais constatait déjà l’efficacité de l’institution. « Le peuple même veut étudier. Des laboureurs et des artisans envoient leurs enfants dans les collèges des petites villes, où il en coûte peu pour vivre. » — Cette extension rapide de l’instruction secondaire a beaucoup contribué à la Révolution.


  le régime moderne, ii.
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