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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/12

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IX
AVANT-PROPOS


à sa dernière et à sa plus grande tâche, avait fait cinq fois le tour de la France, observant sa vie avec des yeux d’artiste, à la lumière de l’histoire et de la psychologie, et faisant précéder son étude philosophique d’une enquête visuelle[1].

Depuis plusieurs années déjà, sentant bien que le temps lui était mesuré, M. Taine avait rapproché la limite de son travail. Mais ce que son œuvre perdait en étendue et en richesse de détail, elle l’eût regagné en profondeur et en puissance. Toutes les idées maîtresses eussent été là, concentrées et raccourcies. Cherchant toujours dans un groupe ce qu’il appelait ses génératrices, intellectuelles et morales aussi bien que politiques, il eût décrit toutes celles qui expliquent le groupe français. Malheureusement, là encore, les éléments font défaut, qui permettraient de se figurer ce que devaient être cette analyse et cette construction dernières. M. Taine n’écrivait pas à l’avance. Longtemps avant de prendre la plume, il avait extrait ses grands faits significatifs et trouvé ses formules. Il les portait dans sa tête : c’est là que tout s’ordonnait de soi-même. Dix lignes de notes, quelques souvenirs

  1. Cf. Les carnets de voyage.