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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/319

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LE RÉGIME MODERNE


« principes » ; partant, son mécanisme est simple ; toutes ses pièces s’engrènent avec précision ; elles se transmettent exactement l’impulsion reçue ; il opère ainsi d’un seul coup, uniformément, à l’instant, avec certitude, sur toutes les parties du territoire ; sa poignée est centrale et, dans tous les services, les nouveaux gouvernants mettent la main sur cette poignée. À propos de l’administration locale, le duc d’Angoulème disait, en 1815[1] : « Nous préférons les départements aux provinces ». Pareillement, aux anciennes universités provinciales, à la vieille institution scolaire éparse, diverse, et plutôt surveillée que gouvernée, à tout établissement scolaire plus ou moins indépendant et spontané, le gouvernement de la monarchie restaurée préfère l’Université impériale, une, unique, cohérente, disciplinée et centralisée.

En premier lieu, il gagne à cela un vaste personnel de salariés et de créatures, tout le personnel enseignant[2], sur lequel il a prise par ses faveurs ou ses défaveurs, par l’ambition et le désir d’avancement, par la crainte d’une destitution et le souci du pain quotidien, d’abord plus de 22 000 instituteurs primaires, des milliers de professeurs, proviseurs, censeurs, principaux, régents, répétiteurs et maîtres d’étude dans les 36 lycées, dans les 368 collèges, dans les 1255 institutions et pensions ; ensuite, plusieurs centaines d’hommes importants, tous

  1. Le Régime moderne, tome X, 247, 248.
  2. Basset, censeur des études au collège Charlemagne, Coup d’œil général sur l’Éducation et l’Instruction publique en France (1816), 21 (État de l’Université en 1815).