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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/320

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L’ÉCOLE


les personnages considérables de chaque circonscription universitaire, les administrateurs des 28 académies, les professeurs de faculté dans les 23 facultés des lettres, dans les 10 facultés des sciences, dans les 7 facultés de théologie, dans les 9 facultés de droit, dans les 3 facultés de médecine ; ajoutez-y les savants du Collège de France, du Muséum, de l’École Polytechnique, de tous les établissements de haute instruction spéculative ou pratique : entre tous, ils sont les plus accrédités et les plus influents ; on tient en eux la tête de la science et de la littérature : par eux et par leurs seconds ou suivants de tout degré dans les facultés, lycées, collèges, petits séminaires, institutions, pensions et petites écoles, on peut imposer ou suggérer des croyances et des opinions aux 2000 étudiants en droit, aux 4000 étudiants en médecine, aux 81 000 élèves de l’enseignement secondaire, aux 700 000 écoliers de l’enseignement primaire. Conservons et employons cet admirable engin ; mais appliquons-le à nos fins, utilisons-le pour notre service. Jusqu’ici, sous la République et l’Empire, ses fabricants, plus ou moins jacobins, l’ont manœuvré dans leur sens, à gauche ; manœuvrons-le dans notre sens, à droite. Pour cela, il suffit de l’orienter à nouveau, et bien ; désormais « les bases de l’éducation[1] seront la

  1. Ordonnance du 21 février 1821, article 13, et rapport de M. de Corbière : « La jeunesse réclame une direction religieuse et morale… La direction religieuse appartient de droit aux premiers pasteurs : il convient de réclamer d’eux pour ces établissements (les collèges de l’Université) une surveillance continuelle, et de les appeler légalement à provoquer toutes les mesures qu’ils croiront nécessaires. »