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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/153

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que leur régime et leur tactique ; les autres Grecs l’ont adopté vers la quatorzième olympiade. Ils ont dû aux exercices qu’il comporte leur supériorité militaire. À Platée, dit Hérodote, si les braves Mèdes ont été vaincus, c’est qu’ils étaient embarrassés dans leurs longues robes. Chaque Grec pris à part se trouvait ainsi plus agile, plus adroit de ses membres, plus robuste, mieux préparé pour l’ancien genre de combat, qui s’engageait d’homme à homme et corps à corps. À ce titre la nudité était une portion dans un ensemble d’institutions et de mœurs, et le signe visible auquel la nation se reconnaissait.

Me voici dans la salle des bustes : il serait bien mieux d’en parler en phrases graves et avec des points d’exclamation ; mais le caractère vous saute aux yeux ; impossible de le noter autrement que par un mot cru. Après tout, ces Grecs et ces Romains étaient des hommes ; pourquoi ne pas les traiter comme des contemporains ?

Scipion l’Africain : une large tête sans cheveux, point belle ; les tempes aplaties comme celles des carnassiers, mais le solide menton, les lèvres énergiquement serrées des dominateurs.

Pompée le Grand : ici, comme dans l’histoire, il est du second ordre.

Caton d’Utique : un grimaud aigre, à grandes oreilles, tout tendu et roidi, les joues tirées d’un côté, grognon et d’esprit étroit.

Corbulon : un cou tors qui a la colique, grimé et patelin.

Aristote : une tête ample et complète comme celle de Cuvier, un peu déformée à la joue droite.