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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/373

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tures de tous les hommes : elle réside tout entière en lui et en ses prédécesseurs. Les principes en sont établis par la tradition, proclamés dans les brefs, renouvelés dans les encycliques, détaillés dans les sommes théologiques, appliqués jusque dans le plus menu détail par les prescriptions des canonistes et les discussions des casuistes. Il n’y a pas une idée ni une action humaine, publique ou privée, qui ne se trouve définie, classée, qualifiée dans les gros livres dont il est le défenseur et l’héritier. Bien plus, cette science est vivante ; une fois entrée dans son esprit et promulguée par sa parole, tous les doutes doivent tomber ; Dieu décide en lui et par lui ; la contradiction est une révolte, et la révolte un sacrilège. Partant, à ses yeux, le premier devoir est l’obéissance : l’examen, le jugement personnel, les habitudes d’initiative sont des péchés. L’homme doit se laisser conduire, s’abandonner comme un petit enfant ; sa raison et sa volonté ne sont plus en lui, mais dans un autre, délégué d’en haut pour cet office ; il a un directeur. En effet, et c’est là le vrai nom du prêtre catholique, et c’est à cet emploi qu’à Rome le gouvernement vise et aboutit. À ce titre, il peut être indulgent, rendre de petits services, pardonner à la faiblesse des hommes, souffrir des attaches mondaines, tolérer des escapades ; il répugne à la violence, surtout à la violence ouverte ; il aime les paroles onctueuses et les procédés indulgents ; il ne menace pas, il avertit et admoneste. Il étale au-dessus des pécheurs, comme un riche manteau ouaté, l’ampleur de ses périodes affectueuses : il parle volontiers de son cœur miséricordieux, de ses entrailles paternelles ; mais il est un point sur lequel il ne transige pas, la soumission de l’esprit et du