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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/374

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cœur. Muni de cette obéissance, il sort du domaine théologique, entre dans la vie privée, décide des vocations, conduit les mariages, choisit les professions, ménage les avancements, gouverne les testaments et le reste.

Par suite, en matières publiques, il a grand soin d’éviter aux gens la périlleuse tentation d’agir. À Rome, par exemple, il nomme des conseillers municipaux qui complètent le conseil en s’en adjoignant d’autres ; mais ces nouveaux noms doivent être approuvés par le pape, en sorte que tous les administrateurs siègent par son choix. Il en est de même dans les autres services ; c’est un monsignor qui régit les hôpitaux, c’est un monsignor qui surveille les théâtres et allonge les jupes des danseuses. Quant à l’administration, on reste autant que l’on peut dans la vieille ornière ; l’économie politique est une science malsaine, moderne, trop attachée au bien-être du corps. On laisse ou l’on met l’impôt sur les matières visiblement fructueuses, sans s’inquiéter de l’appauvrissement invisible qu’on étend par contre-coup sur le pays[1]. Un cheval paye 5 pour 100 toutes les fois qu’il est vendu. Le bétail paye au pâturage, et en outre 28 francs par tête au marché, environ de 20 à 30 pour 100 de sa valeur ; le poisson paye 18 pour 100 sur le prix de vente : le blé récolté dans l’agro romano paye à peu près 22 pour 100. Ajoutons que l’impôt foncier n’est pas léger ; je sais une fortune de 33 000 écus par an qui paye de 5 à 6 000 écus d’impôts. En outre on emprunte. Tout cela est dans la tradition des luoghi di

  1. Le marquis Pepoli, Finances pontificales. — Voyez aussi les Mémoires du cardinal Consalvi.