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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/87

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d’hommes d’affaires semblables à celles des cardinaux modernes. À mesure qu’on avance vers un âge plus rapproché de nous, l’art tourne au portrait ; ils n’ennoblissent plus, ils copient ; les figures de Sextus Empiricus, de Sénèque, sont anxieuses, tourmentées, laides et frappantes, comme des moulages. Notre musée Campana, à Paris, montre qu’en arrivant aux bas siècles, la sculpture finit par ne plus reproduire que les particularités personnelles et maladives, le tic, la déformation, la singularité triviale, les bourgeois de Henri Monnier pris au vif par la photographie.




Il y a, je crois, sept ou huit cents tableaux. Pour moi, qui ne suis pas peintre, je ne peux donner que les impressions d’un homme à qui la peinture fait beaucoup de plaisir, et qui en outre y voit un complément de l’histoire.

Plusieurs portraits par Raphaël, celui d’un cardinal, du cavalier Tibaldeo, de Léon X. — Ce Léon X est un bon gros papelard assez vulgaire, et sa vulgarité devient plus frappante encore par le contraste de ses acolytes, deux figures avisées, prudentes, ecclésiastiques. — Ce qui est supérieur dans Raphaël, c’est visiblement l’équilibre et la parfaite santé de son esprit. Ses portraits donnent l’essence d’un homme sans phrases.

Ribera. — Un Silène ivre, avec un ventre débordant, une poitrine de Vitellius, lamine noirâtre, basse et méchante d’un Sancho inquisiteur, d’horribles genoux cagneux, tout cela dans une pleine lumière crue encore avivée par un entourage d’ombres qui font repous-