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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/86

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L’Hercule Farnèse, un vigoureux portefaix qui vient de soulever une poutre, et qui pense qu’un verre de vin viendrait bien à point. Beaucoup trop réel et vulgaire. Ce n’est pas un dieu, mais un assommeur.

Le Taureau Farnèse : Amphion et Zéthus, pour obéir à leur mère Antiope, attachent Dircé aux cornes d’un taureau. Cela semble appartenir au deuxième ou au troisième âge de la sculpture. Quatre personnages de grandeur naturelle, outre le taureau, des chiens, et un enfant : c’est un tableau, même un drame ; le sculpteur a cherché l’intérêt, le pathétique ; tous les arts baissent quand ils dépassent leur limite propre.

Superbe tête de cheval en bronze ; comme tous les beaux chevaux grecs, il n’est pas encore amoindri par l’éducation ; son âme est intacte ; il a le col court, les yeux intelligents, la plénitude de volonté des chevaux libres, qu’on voit encore aujourd’hui dans nos Landes, ou dans le nord de l’Écosse ; ce cheval est une personne ; les nôtres sont des machines.

La charmante Psyché de Naples : ce torse si fin, cette tête de jeune fille délicate et distinguée n’est pas non plus du grand siècle, encore bien moins la Vénus Callipyge qui semble un ornement de boudoir et rappelle la jolie licence de notre dix-huitième siècle.

Quantités de statues et de bustes, en marbre et en bronze, d’après des personnages réels ; — une Agrippine assise, énergique et triste, — les neuf statues de la famille Balba ; un admirable orateur, debout, l’âme tendue par la gravité des choses qu’il va dire, véritable homme d’État, digne de la tribune antique ; Tibère, Titus, Antonin, Adrien, Marc-Aurèle : tous ces empereurs et ces consulaires ont des têtes de politiques et