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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/93

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quent même sur les gens de leur parti. Si quelqu’un les dénonce, ils mettent le feu à sa maison, de cette façon ils terrorisent les villages. Ajoutez que dans ces montagnes et dans ces fourrés il faut cent soldats pour prendre un brigand. — « Mais n’est-ce pas une Vendée ? — Non, ils ne méritent pas cette comparaison. — Pourtant c’est un pays catholique, imaginatif, capable de fanatisme. — Non, ce ne sont que des brigands. » — Là-dessus ils s’échauffent, ils ne voient que leur idée, il se gonflent, comme nos premiers révolutionnaires, avec des phrases de journal ; ils ont la colère toute prête, l’espérance infinie.

Selon eux encore, tout le mal à présent vient de la France, qui, en maintenant le pape à Rome, entretient un foyer d’intrigues. Rome est un abcès qui rend tout le corps malade. La France depuis soixante ans a fait des progrès énormes en science, en bien-être, mais aucun en religion, en morale ; elle est aussi bas que jadis par son assujettissement au clergé. Ici ronflent les phrases du dix-huitième siècle.

La lutte en Italie, disent-ils, est entre l’éducation et l’ignorance. Toute la classe intelligente est libérale ; entendez toute la classe moyenne. Les nobles boudent ; voyez le grand faubourg aristocratique sur la route d’Herculanum ; toutes les maisons sont closes. La populace de Naples, à qui les Bourbons accordaient toute licence, n’est pas contente, et si les Autrichiens revenaient, il y aurait des violences ; mais le vrai peuple, les artisans, les hommes qui ont un fonds d’honnêteté et qui travaillent, se rallient peu à peu. S’il y en avait quatre dans le parti rétrograde le lendemain de la révolution, il n’y en a plus que deux aujourd’hui. La