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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/41

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je suis le Grand. — Vous êtes un grand sot, » lui dit le duc, et il le quitta là, fort en colère de la bévue de ses gens.

Pour en revenir à ce que nous avons dit, qu’il ne manquoit point de cœur, je rapporterai ce que M. d’Angoulême, bâtard de France[1], dit de lui dans ses Mémoires au combat d’Arques : « Parmi ceux, dit-il, qui donnèrent le plus de marques de leur valeur, il faut nommer M. de Bellegarde, grand-écuyer, duquel le courage étoit accompagné d’une telle modestie, et l’humeur d’une si affable conversation, qu’il n’y en avoit point qui parmi les combats fît paroître plus d’assurance, ni dans la cour plus de gentillesse. Il vit un cavalier tout plein de plumes, qui demanda à faire le coup de pistolet pour l’amour des dames ; et comme il en étoit le plus chéri, il crut que c’étoit à lui que s’adressoit le cartel, en sorte que, sans attendre, il part de la main sur un genêt, nommé Frégouze, et attaque avec autant d’adresse que de hardiesse ce cavalier, lequel tirant M. de Bellegarde d’un peu loin, le manque ; mais lui, le serrant de près, lui rompit le bras gauche, si bien que, tournant le dos, le cavalier chercha son salut, en faisant retraite dans le premier escadron qu’il trouva des siens[2]. »

Il fit bien au combat de Fontaine-Françoise, et à La

  1. Voir ci-après son Historiette.
  2. Mémoires très-particuliers du duc d’Angoulême pour servir à l’histoire du règne de Henri III et Henri IV. (T.) — Tallemant cite ces Mémoires d’après la première édition qui en fut publiée à Paris, en 1662. (Voyez la Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France, première série, tom. 44, pag. 566.) On y remarque quelques différences de langage.