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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/42

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Rochelle. On l’avoit donné à Monsieur, depuis M. d’Orléans, pour lui servir de conseil, quand il fit faire son fort devant La Rochelle. M. de Bellegarde avoit ordre sur toutes choses d’empêcher qu’on ne se battît. Il sortit des gens de La Rochelle, M. de Bellegarde en étoit assez loin. Cinquante jeunes gentilshommes poussent à eux. Ces gens-là s’ouvrent et les enveloppent. M. le Grand y court en pourpoint, les rallie et les retire. En se retirant il vit quatre Rochellois qui emmenoient un cavalier, il les charge lui deuxième et le délivre.

Quant à sa galanterie, je pense que l’amour qu’il eut pour la reine Anne d’Autriche fut sa dernière amour. Il disoit quasi toujours : « Ah ! je suis mort. » On dit qu’un jour, comme il lui demandoit ce qu’elle feroit à un homme qui lui parleroit d’amour : « Je le tuerois, dit-elle. — Ah ! je suis mort, » s’écria-t-il. Elle ne tua pourtant pas Buckingham, qui fit quitter la place à notre courtisan d’Henri III. Voiture en fit un pont-breton[1], qui disoit :

L’astre de Roger
Ne luit plus au Louvre ;
Chacun le découvre,
Et dit qu’un berger,
Arrivé de Douvre,
L’a fait déloger.

Un jour Du Moustier[2] le trouva de la plus méchante humeur du monde ; il s’habilloit, et s’étoit fait apporter sa boîte aux rubans ; il n’y en avoit point

  1. Espèce de chanson du temps.
  2. Peintre de portraits dont on lira l’Historiette plus bas.