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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/173

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produit des ondes dont la régularité précise va diminuant à mesure qu’elles s’enchevêtrent dans des molécules plus complexes ; mais, quand, à force de s’élever de la sorte, elles entrent dans une cellule vivante, une nouvelle et plus impérieuse sorte de répétition apparaît, l’hérédité, qui nous stupéfie par l’exactitude merveilleuse de ses reproductions en dépit d’une complexité si haute. Et, quand l’agrégat social apparaît, la répétition-imitation, à son tour, nous émerveille par la précision prolongée des racines verbales, des rites religieux, des pratiques industrielles, qu’elle édite en exemplaires étonnamment semblables. — Pareillement, ce semble, la netteté des oppositions ne s’éclipse, dans le passage d’un étage à l’étage supérieur de la réalité, que pour réapparaître ensuite plus surprenante ; il en est ainsi, non seulement des symétries, comme nous venons de le dire, mais des rythmes. Si les mouvements physiques deviennent de moins en moins nettement rythmiques en se compliquant, leur complication plus haute encore quand ils entrent dans une fonction vitale d’abord, sociale ensuite, a pour effet de leur rendre toute la précision de leur rythmicité élémentaire.

Une question encore avant de finir : la forme de l’Univers, pris dans son ensemble, est-elle symétrique, et quelle symétrie présente-t-elle ? Si l’Univers est jugé infini,[1] la question implique contradiction. Elle se pose, au contraire, s’il est jugé fini. Mais il est fâcheux qu’elle soit pratiquement insoluble. En

  1. Je sais bien que la notion d’un nombre infini est contradictoire, mais cela ne suffit pas à empêcher le problème de l’infini de se poser. Car la question est précisément de savoir si l’Univers est nombrable ou non, saisissable ou non par notre intellect, en un mot intelligible.