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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/254

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vive du sublime et du ridicule. L’état zéro, c’est notre taille, notre degré de force, d’intelligence, etc. Mais les deux branches de cette opposition sont loin de croître et de se ramifier parallèlement dans la vie mentale et sociale. En raison inverse plutôt. Aux peuples enthousiastes, graves, peu moqueurs, appartient la force ; pendant que les peuples devenus railleurs et sceptiques perdent l’empire conquis par leurs crédules deux. Quand on monte, on regarde au-dessus de soi ; au-dessous de soi, quand on descend. L’office social de l’enthousiasme, d’ailleurs, et celui de la moquerie ne se font point pendant l’un à l’autre, et jamais la seconde n’a tenu le premier en échec, mais elle attend qu’il soit éteint pour dissoudre ce qu’il a créé.


X

Occupons-nous maintenant des sentiments où prédominent les oppositions du désir. Ce sont les premiers qui apparaissent chez l’enfant. La peur et son opposé la colère, qui se manifestent dès le début de la vie, d’après tous les observateurs de la psychologie infantile, ne manquent à aucun degré de l’échelle animale. Que la peur s’oppose à la colère, cela devient évident sur les champs de bataille où la panique des fuyards et la furia, la colère héroïque, des troupes qui chargent, produisent des résultats si nettement opposés. Dans cette opposition, telle qu’elle se déploie ainsi militairement,