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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/288

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À vrai dire, il n’y a pas de desseins ni de jugements a priori, mais il y en a qui, à la rencontre d’un même objet, se forment les mêmes spontanément chez tous les individus de la même espèce, chez tous les hommes. Et cela est surtout vrai des desseins. Cependant, il en est fort peu qui atteignent ce degré de généralité. Disons, avec plus de précision, qu’il est des desseins dont la formation est spontanée chez tous les individus ayant le même caractère. Pareillement, mais moins exactement, il est des jugements qui se forment à peu près les mêmes, avec une spontanéité plus ou moins accusée, chez tous les hommes présentant la même nature d’esprit.

Une différence essentielle est à noter à cet égard : avec le progrès de la culture, l’esprit se dégage de plus en plus, dans la formation de ses jugements, surtout scientifiques, des influences innées dues à ses préférences intellectuelles, à sa nature d’esprit ; mais le progrès de la volonté n’a pas le moins du monde pour effet de diminuer l’action exercée par le caractère sur la formation des desseins. Au contraire, il la fortifie et la déploie. Voila pourquoi on s’abuse en se persuadant que la propagation des sciences suffit à la transformation et à la moralisation des âmes.


XIV

Notre sujet, on le voit, nous entraîne à parler de la classification des caractères, ou, plus généralement, des types psychiques, qui est si débattue entre psychologues. On a essayé trop souvent de la rattacher à celle des tempéraments