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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/289

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par un lien indissoluble, et, à propos des deux, s’est donné carrière d’autant plus librement le penchant de l’esprit humain aux oppositions symétriques, qu’il s’agissait ici pour les psychologues d’échafauder plus que de bâtir. Il y a toujours, en effet, et, c’est une observation importante à notre point de vue, plus de symétrie dans les échafaudages, même utiles et nécessaires, de la science, que dans ses constructions, — dans ses hypothèses provisoires que dans ses théories définitives, — et plus une classification devient naturelle, plus elle perd de son aspect architectural : rien de plus symétrique, partant de plus clair ni de plus commode, que la classification dichotomique, et rien de plus artificiel. Wundt, qui se range, comme à peu près tout le monde, à la distinction antique des quatre tempéraments, croit y apercevoir une double opposition, que M. Ribot juge factice, celle de deux tempéraments fort opposés à deux tempéraments faibles et celle de deux tempéraments lents opposés à deux tempéraments prompts. Plus profondément, M. Fouillée les ramène au rythme fondamental de la vie, à l’antithèse vivante de l’intégration et de la désintégration de substance et de force ; par suite, il distingue les « tempéraments d’épargne » (sensitifs) et les « tempéraments de dépense » (actifs) et les subdivise d’après le même principe. À cette division bipartite ne correspond qu’imparfaitement sa division tripartite des caractères, classés suivant que domine en eux la sensibilité, l’intelligence ou la volonté. De là, les sensitifs, les intellectuels, les volontaires. Avec M. Ribot, nous revenons à la bipartition, mais qui ne présente plus les caractères d’une antithèse : les affectifs et les actifs forment la grande dualité, et