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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/34

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deux êtres l’un à l’autre, c’est par suite de la réelle contrariété des tendances qu’on leur prête. Deux sensations, deux états quelconques, peuvent être semblables, mais, comme tels et abstraction faite de toute force en mouvement, on ne voit pas comment ils pourraient s’entre-détruire ou même s’entre-heurter ; et, sans cela, de quel droit les dire opposés ? C’est là l’essentiel ; aussi regarderions-nous comme opposées, si c’était possible, deux actions qui seraient susceptibles de s’entre-détruire sans cependant être semblables ; mais la chose est impossible, car l’hypothèse est contradictoire. Pour se contrebalancer, deux termes doivent s’équivaloir, c’est-à-dire avoir une commune mesure, ce qui suppose leur similitude et leur égalité sous le point de vue dont il s’agit.

Il suit de là que les termes opposés doivent être également positifs. Le vide n’est donc pas l’opposé du plein, ni l’obscurité l’opposé de la lumière, ni le silence celui du son, ni le repos celui du mouvement. Comment un terme fixe, mort, inerte, non susceptible de variations, pourrait-il être égal et semblable à un terme vivant et éminemment variable qui se développe ? La lumière peut être plus ou moins vive, le son plus ou moins intense ou élevé, le mouvement plus ou moins rapide, le plein plus ou moins dense ; le repos, le silence, les ténèbres, le vide, sont ou ne sont pas, ils ne comportent ni plus ni moins.


III


Précisons encore mieux notre pensée. Si, deux termes variables étant donnés, l’un nous apparaît comme la limite des