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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/444

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le plus absurde des sentiments, et l’on ne s’expliquerait pas son développement intense au cours de la civilisation par l’effet même de la culture, si l’on admettait que la variation est pour l’adaptation et l’opposition, non celle-ci pour celle-là. On voit l’intérêt pratique et majeur de pareilles questions, qui pourraient de prime abord sembler oiseuses.


II

Mais revenons aux rapports de l’opposition et de l’adaptation. Nous les aurions vues plus souvent se confondre si, au lieu de nous borner dans cet ouvrage à l’étude des formes précises et achevées de l’Opposition, nous avions abordé celle de ses formes imparfaites. La symétrie par à-peu-près, et, en général, l’opposition approximative[1], qui jouent dans le monde un rôle important, sont aussi bien des harmonies par à-peu-près. Or, de même que le progrès chimique nous conduit des symétries cristallines presque parfaites aux pseudo-symétries et aux dissymétries même, le progrès artistique, sans parler des autres progrès sociaux, affecte la même direction. La transition entre la symétrie initiale et la dissymétrie finale est réalisée par ces temples antiques, mieux encore par ces cathédrales du Moyen Âge, ou les statues qui se font vis-à-vis sont non pas tout à fait semblables et contraires l’une à l’autre

  1. Comme le montrent certains exemples indiqués plas haut : le réseau des branches, dans le végétal, opposé au réseau des racines ; les forces centrifuges opposées aux forces centripètes, etc. Qu’on se rappelle aussi les considérations de Mallart et de M. Berthelot sur les pseudo-symétries cristallines, considérées par ce dernier comme des sortes de ircoisactions raolécaiaires.