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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/66

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Et, comme les phénomènes, considérés par leur côté qualitatif, sont hétérogènes, sans commune mesure, de quel droit prétendre que celui qui se crée équivaut à celui qui vient d’être détruit ? Cela n’a aucun sens. D’autre part, des variations qualitatives supposent des variations quantitatives ; et la quantité n’a que deux manières de varier, augmenter ou diminuer. Nous devons donc renoncer à l’hypothèse d’un Univers sans augmentation ni diminution de sa quantité de réalité ; et la conservation de l’énergie, — ou de toute autre quantité regardée comme fondamentale, — ne doit être conçue que comme l’excès constant, sensiblement inaltérable, de toutes les innombrables acquisitions des êtres sur leurs innombrables déperditions corrélatives.


IV

Mais c’est assez justifier la distinction des deux oppositions de séries et de degrés et montrer l’importance de celle-ci. Il est temps d’arriver aux oppositions mécanique et logique, qui pourraient être ramenées à une seule et même notion générale : l’opposition du positif et du négatif, l’opposition de sens. Nous avons la surprise de la rencontrer dans les sphères les plus différentes. Soit une figure qui devient de moins en moins concave, puis de plus en plus concave ; soit un mobile dont la vitesse se ralentit d’abord puis s’accélère ; soit un esprit qui affirme une thèse avec une dose de foi croissante puis décroissante, ou un cœur qui aime une personne avec une tendresse alternativement redoublée et tempérée :