Aller au contenu

Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les différents faits de sortilège ou maléfice, ayant le caractère vraiment diabolique, peuvent se rapporter à l’un de ces cinq chefs que nous allons successivement examiner :

1° Fascination, miroirs magiques. — 2° Envoûtements. — 3° Charmes et philtres. — 4° Sorts. — 5° Talismans et amulettes.

A. — FASCINATION : MIROIRS MAGIQUES

La fascination consiste à ensorceler par une espèce de charme ou d’enchantement, analogue à celui qu’exercent certains animaux, le serpent, par exemple, sur les oiseaux qu’il attire pour les dévorer. Cette puissance peut se comparer à celle qu’exerce l’hypnotiseur sur son sujet.

La fascination peut s’exercer au moyen de divers sens, tels que le regard, le toucher, la parole, ou par l’intermédiaire d’objets inanimés, le miroir, par exemple, une nappe d’eau, un baquet ou une carafe, etc. Dans tous ces cas, que le charme vienne de l’amour ou de la haine, il est doué d’une telle puissance que celui qui la ressent ne peut s’y soustraire et demeure subjugué. « La fascination, dit Cornélius Agrippa, est une ligature (ligatio) qui, de l’esprit de celui qui fascine, parvient par l’œil du fasciné au cœur de ce dernier. » Les anciens démonographes considéraient le fascinum comme une espèce de substance vénéneuse s’exhalant sous forme de vapeur des yeux du fascinateur et pénétrant dans les yeux du fasciné, pour modifier toute sa nature corporelle et spirituelle ; mais la fascination n’est, en réalité, pas si compliquée que cela.

Le mot de fascination, employé dans ce sens général, comme synonyme de charme, enchantement, s’applique à toutes sortes de maléfices ; on dit indifféremment fasciner, enchanter, ensorceler, jeter un sort. Je ne veux le considérer ici que dans son sens propre et restreint, c’est-à-dire lorsque la fascination s’exerce directement par le regard, ou par l’intermédiaire d’un objet produisant sur le fasciné le même effet que le regard ; tels sont surtout les miroirs magiques.


Fascination directe par le regard. — L’œil étant naturellement l’organe le plus éloquent des sentiments et des émotions de l’homme, il va de soi que le démon emprunte volontiers ce sens pour accomplir ses maléfices ; nous pouvons nous faire une idée de ce que peut un simple regard doué de toute la puissance démoniaque, d’après l’influence naturelle qu’il exerce sur les hommes et les animaux dans les circonstances ordinaires de la vie. Nous connaissons l’influence d’un regard animé par la colère ou l’amour, la flamme qui d’un œil passe dans un autre œil, pour circuler de là dans les veines et jusqu’au cœur ; nous sommes chaque jour témoins de l’influence du