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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/471

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autres races ; et, pour préparer les esprits, elle agita d’abord la question de leur admission définitive dans ses loges, à titre de droit, et non plus comme exception. Nous avons vu cette question posée et résolue en leur faveur au convent de Wilhelmsbad. En 1788, un livre allemand portant ce titre : « Les Israélites sont-ils reçus Francs-Maçons et peuvent-ils l’être ? » par les FF.∴ von Ecker et Eckhoften, appelait de nouveau sur ce sujet l’attention de la Loge de Hanovre Frédéric au Cheval blanc. Dans une des loges fondées par les auteurs de ce livre, la loge de Melchisédech, il y avait des membres israélites. Les adoptions de membres juifs se seraient multipliées en Prusse, sans la résistance opiniâtre des loges de Berlin. Ainsi, vers la fin du siècle, les FF∴ de Hirschfield et Catter ayant fondé à Berlin, sous le nom de Loge Mixte, un atelier maçonnique accessible à toutes les croyances, la demande d’une Constitution adressée par cette loge à la Grande Loge Nationale fut rejetée, et, malgré la protection du roi Frédéric-Guillaume III, ne put longtemps poursuivre ses travaux. En 1808, une loge du même genre, principalement composée de membres israélites, fut fondée à Francfort, la loge de l’Aurore naissante, sous la constitution du Grand Orient de France ; quelques loges encore refusèrent d’abord de la reconnaitre ; mais la situation se modifia avec le temps. J’aurai, du reste, à reparler plus loin de ces incidents.

Revenons au rôle de Mirabeau et à la Révolution française.

Un fait qu’on ne saurait passer sous silence quand il s’agit de l’émancipation des juifs, et qui a été mis en pleine lumière par l’abbé J. Lémann, c’est celui du projet conçu par Louis XVI et de sa généreuse initiative en vue de la régénération et de la réintégration des juifs dans la société française. En face des efforts que le parti de Satan multiplie en faveur des Israélites dans des vues impies et destructives, voici qu’un roi catholique, qui s’honore du titre de fils aîné de l’Église, songe aussi, lui, au moment même où les ennemis du Christ trament sa ruine, songe, en roi chrétien et fidèle, aux traditions de l’Église, à émanciper cette malheureuse nation, tout en sauvegardant les intérêts des enfants de la maison de Dieu, en observant tous les ménagements que réclamait une question si compliquée et si délicate. On ne peut se défendre d’une douloureuse émotion, en constatant que le plan du monarque chrétien, aidé d’un Malesherbes, échouera, et que celui de Satan, soutenu de toutes les forces impies de la Révolution, finira par triompher.

L’histoire est là, pour prouver d’une façon irréfutable, que l’initiative effective de la résurrection du peuple juif n’appartient, en effet, ni à la Révolution, ni à l’Empire, mais à Louis XVI. Résumons ces preuves[1] :

1° Formation d’une commission du Conseil d’État, sous la présidence de

  1. On pourra les voir détaillées dans le livre de l’abbé Joseph Lémann : l’Entrée des Israélites dans la Société française.