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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/472

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Malesherbes, dans le but de soustraire les juifs au régime des lois d’exception ;

2° Fonctionnement de la commission durant l’année 1788 ; sont entendus les israélites les plus distingués des diverses parties de la France ;

3° Mémoire rédigé par Malesherbes et présenté au roi ;

4° Préparation d’un édit qui allait être rendu en faveur des Juifs, lorsque éclata la Révolution. Cet édit avait été précédé en 1787 d’un édit en faveur des protestants, qu’un jurisconsulte israélite, aujourd’hui président honoraire de la Cour de cassation, M. Bédarride, appelle « les précurseurs de l’émancipation complète des juifs ».

Au lieu de l’émancipation graduelle et prudente qu’inspirait à Louis XVI son tendre et judicieux intérêt pour les juifs aussi bien que son amour de l’Église, ceux-ci se trouvèrent tout à coup, sans transition et sans préparation, transplantés dans une société chrétienne qu’ils n’avaient point appris à comprendre et à aimer, et cela au nom de principes subversifs et par la volonté de législateurs ennemis de toute religion et de toute autorité ; leur émancipation devait nécessairement rester entachée du vice de son origine. Ils pouvaient se croire obligés, ne fût-ce que par reconnaissance, non seulement à respecter, mais encore à adopter pour eux-mêmes, ces principes révolutionnaires auxquels ils devaient de n’être plus la lie et le rebut des autres nations. Ils devaient en particulier à la franc-maçonnerie de grandes actions de grâce : c’était elle, en somme, qui les avait émancipés par la bouche ou par la plume d’orateurs ou d’écrivains qu’elle se glorifiait de posséder et d’inspirer. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur les mémorables séances qui, dans le sein de la Constituante, opérèrent et consacrèrent ce grand événement : l’émancipation totale de la nation juive et son incorporation définitive à la nation française.

Il est un fait qu’on n’a pas assez fait ressortir et qui résulte en toute évidence de l’examen attentif de l’histoire de la Constituante, c’est que les juifs ne durent le décret final qui proclamait leur réhabilitation qu’à la pression exercée sur l’Assemblée par l’influence chaque jour grandissante des assemblées de districts et surtout de l’assemblée générale de la Commune de Paris, et en fin de compte à un escamotage habilement exécuté, contre le vœu et les intentions de la droite, par les révolutionnaires avancés, au nombre desquels devait se recruter la Convention. Mais laissons parler les faits.

Le 28 septembre 1789, l’assemblée interrompait toutes les discussions à l’ordre du jour pour en venir à l’adresse à elle adressée par les juifs de Metz[1] et présentée à la barre par Isaac Beer, réclamant la protection de

  1. Au mois de mai 1189, les juifs d’Alsace, de Lorraine et des Trois-Évêchés avaient été autorisés à nommer chacun deux députés dans leurs provinces respectives, et à soumettre à