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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/130

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« — Malheur, enseigne Jazer, le génie qui fait être aimé, malheur aux humains dépravés qui se vouent au célibat ! »

Puis, ce fut le Credo luciférien, que l’assistance entière récita, les Anglais d’abord dans leur langue, les Indiens ensuite en ourdou-zaban :

« — Je crois en un Dieu Générateur, principe du Bien, qui de toute éternité combat le Dieu Destructeur, principe du Mal. Je crois à l’Humanité indestructible, se renouvelant et se multipliant à travers les siècles. Je crois au triomphe futur et irrévocable de la vérité sur le mensonge, de la vertu sur le vice, de la justice sur l’arbitraire, de la science sur l’erreur, de la liberté sur le despotisme, de la raison sur la superstition, de l’amour sur la stérilité, de la lumière sur les ténèbres, du bien sur le mal, du Grand Architecte de l’Univers, notre Dieu, sur Adonaï, le Dieu des prêtres. Ainsi soit-il. »

Au moment de l’offertoire, deux Indiens apportèrent un immense gâteau en forme de galette. Le grand-maître officiant exécute quelques momeries et dit :

« — Seigneur, tu es mon espoir, tu es l’espoir de toutes les créatures. Dispose, pour la gloire, de tous les êtres animés. Vois dans ces dons que nous t’offrons le gage de notre amour. Regarde d’un œil favorable tes fidèles adorateurs, prosternés devant ta majesté. Bénis l’union des deux créatures, qui, par mon ministère, te présentent les fruits de la terre pour obtenir un jour une place dans ton ciel. »

Après quoi, une jeune fille se présenta, tenant dans ses mains un récipient en argent ciselé, qui contenait du plomb fondu ; un maître des cérémonies approcha un fourneau portatif, garni de charbons ardents et destiné à maintenir le métal en état de fusion. Le récipient installé sur le fourneau, le grand-maître prononça ces paroles :

« — Celui dont le cœur contredit la bouche, celui dont l’intime pensée est à Adonaï le Maudit, celui-là n’osera point, en te rendant hommage du bout des lèvres, ô notre Dieu, plonger ses mains impures dans le feu liquide. Mais le croyant zélé qui t’a donné son âme librement, à toi, Maître souverain et aimable, celui-ci est sans crainte, et ta sauvegarde toute puissante lui permet de se laver saintement des quelques souillures qu’il pourrait avoir. »

En même temps, il plongeait ses mains dans le plomb fondu, comme si c’eût été de l’eau fraîche, et il faisait le simulacre de se laver.

Il récita encore d’autres prières diaboliques, et, parfois, il se tournait vers l’assistance pour l’inviter à prier avec lui.

Deux maîtres des cérémonies, qui jouaient le rôle d’enfants de chœur, donnaient les réponses, chaque fois qu’il y avait lieu. C’était une parodie complète de la sainte Messe. Quoique prévenu par Carbuccia, je me