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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/144

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déjà été l’objet d’un examen attentif de la part des savants. Quant à la publication du phénomène lui-même, je ne suis pas le premier à l’avoir faite. Il me suffira de citer M. Henri Tessier, dont j’ai retrouvé naguère un article intéressant sur l’hypnotisme, en feuilletant une collection de l’Indépendant, de 1881 ; cette chronique constate le fait de la momification des fakirs indiens.

« Tous ceux qui ont voyagé dans l’Inde, dit M. Henri Tessier, ont été à même de voir de très curieux et concluants exemples d’hypnotisme, voire de catalepsie magnétique.

» Les fakirs en usent avec une adresse indescriptible, et, même, exécutent publiquement des prodiges d’insensibilisation et d’équilibre, à l’aide de cette force seule.

» Le gouvernement anglais s’est ému, à plusieurs reprises, de l’influence de certains de ces fakirs, regardés comme des saints, et visités, chaque année, par des pèlerinages de deux à trois cent mille individus.

» Or, la sainteté de ces fakirs résultait de leur inhumation pendant trente, quarante, soixante-dix, quatre-vingts jours, durant lesquels ils étaient restés, sans manger, dans un sépulcre clos.

» Il y a quelques années, un de ces saints ayant annoncé qu’il mourrait et renaîtrait au bout de cent jours, le gouvernement intervint et imposa sa surveillance.

» Le fakir fut apporté à l’état de cadavre et inhumé dans un cercueil de pierre, creusé à cet effet, et sur lequel s’adapta un couvercle de même matière, fermé par des écrous, sur la tête desquels le cachet de l’Amirauté fut apposé. Puis, des sentinelles anglaises montèrent la garde, pendant cent jours, au pied et à la tête du défunt.

» Le centième jour, les brahmes vinrent, le sépulcre fut ouvert, et l’on en tira un squelette jaune, ratatiné, affreux, qu’ils mirent délicatement sur un matelas.

» En suite de quoi, — et devant les officiers envoyés par l’Amirauté, — ils procédèrent à des frictions, faites avec de l’huile parfumée et des tampons de ouate. Chaque brahme était affecté à une partie du corps, de façon à ce que le frottement eût lieu à la fois de la plante des pieds aux cheveux.

» Au bout de seize heures, l’épiderme, perdant peu à peu l’apparence et la sécheresse du parchemin, était devenu souple et blanc.

» L’un des brahmes desserra alors les dents du fakir au moyen d’une spatule d’ivoire et lui versa dans la bouche un cordial particulier.

» Puis, les frictions recommencèrent, et, finalement, après trente-deux heures de manipulations, le cadavre, exhalant un soupir, se relevait !… Quelques minutes plus tard, il parlait.