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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/145

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» Et je vous demande si le lendemain il était décrété sacro-saint par toute la population brahmine.

» Le fait est certifié dans les annales de l’India Company, et les procès-verbaux en sont contre-signés des noms les plus honorables. »

En ce qui me concerne, je puis dire que plusieurs personnes m’ont attesté avoir assisté à des résurrections de ce genre.

« Hypnotisme et catalepsie », conclut M. Henri Tessier.

Moi, j’ajoute : — Satanisme, surtout.



CHAPITRE IX

Un sabbat palladique indien.




Il nous restait encore trois temples à visiter : le Temple du Pélican, celui de l’Avenir, et celui du Feu. Après quoi, on irait « sauver des âmes » dans la plaine de Dappah, conformément au programme de toute grande solennité palladique indienne ; un véritable sabbat, dont les horreurs dépassent celles de la sorcellerie du moyen-âge, est en effet la clôture obligatoire de ces soirées infernales.

Les cinquième et sixième temples ne méritent aucune description spéciale ; ils sont décorés à la mode des locaux maçonniques ordinaires, sauf que, dans le premier de ces deux sanctuaires, il y a, à l’orient, un autel dont l’idole est un pélican blanc, le pélican classique, qui, d’un coup de bec, se déchire la poitrine pour nourrir de son sang ses petits ; ceux-ci, en maçonnerie, sont toujours au nombre de sept, pour rappeler les sept lettres dont le nom de Lucifer est composé. Ce pélican est adossé à une croix portant à l’intersection de ses bras l’inévitable rose rouge épanouie. En outre, ici, derrière la croix, se trouve un compas ouvert, dont les deux pointes reposent sur un quart de cercle, où sont incrustées onze grosses pierres précieuses ; on n’a pas oublié que onze est le nombre cabalistique luciférien.

La station au Temple du Pélican fut assez courte. Nous eûmes à subir un discours d’un officier anglais sur la charité maçonnique, discours qui comporte bon nombre d’allusions passablement immorales et dont les dévadasis présentes ne sourcillèrent point. La harangue terminée, les chevaliers éléémosinaires circulèrent dans la salle, l’adjetaka à la main ; on nomme ainsi, en tenue palladique, le tronc qui sert à faire la quête, appelé « tronc de la veuve » dans les loges de la plupart des autres rites.