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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/154

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La loi des courants magnétiques, disent tous les cabalistes, est celle du mouvement même de la lumière astrale ; ce mouvement est toujours double et se multiplie en sens contraire. Tel est l’axiome des mages. Il est bien entendu que je ne fais que répéter ; je dénonce purement et simplement ces infernales pratiques.

En somme, le mage de l’occultisme est ni plus ni moins un possédé du démon, et un possédé volontaire, conscient. La chaîne magique n’a été imaginée que pour faire circuler l’émanation luciférienne. Si, par impossible, un catholique fermement croyant, aimant Dieu, le seul vrai Dieu, se trouve dans une pareille société, accidentellement, et forme un des anneaux de la chaîne, la circulation n’a plus lieu, il l’arrête, aucun prestige diabolique ne peut être opéré. Ce catholique pourra être témoin d’un prestige, s’il est en dehors de la chaîne, et encore il arrivera souvent que sa présence entravera l’opération ; infailliblement l’opération avortera, si en lui-même il invoque Dieu. Les chefs occultistes le savent bien ; c’est pour cela qu’ils ne laissent pénétrer dans leurs assemblées des hauts grades que les personnes dont ils sont absolument sûrs.

Ayant été mis au courant de cela, j’ai toujours évité, — chaque fois que cela m’a été possible sans éveiller les soupçons, — de me mêler à une chaîne magique. Il est cependant des cas où il n’y avait aucun inconvénient pour moi à être un des anneaux : c’est lorsque le prodige demandé n’était pas de nature visible ; alors, on ne pouvait constater si l’opération avait réussi ou non.

Ainsi, dans la plaine de Dappah, même après les explications du frère Hobbs, il me fut indifférent de participer à la chaîne ; le prodige demandé était le fait d’une superstition absurde, n’entrainant aucune constatation à faire. L’opération consistait en ceci : nous avions parmi nous sept médiums lucifériens, ayant le haut grade de Mage Élu, accumulateurs de lumière astrale ; il s’agissait, par une chaîne magique, alternativement composée de morts et de vivants, de faire passer dans les cadavres l’émanation de l’esprit du feu ; en supposant cette circulation réalisable, en pense qu’il m’importait bien peu de l’entraver ; qui pourrait voir si ce courant de magnétisme infernal était ou non interrompu. Le seul désagrément pour moi serait d’être placé entre deux cadavres ; c’était une répugnance nouvelle à vaincre ; les nécessités de mon enquête l’exigeaient.

Nous cheminions donc, tout en causant, dans la direction de Dappah, à la lumière des torches dont nous étions munis. Il était alors minuit passé. L’odeur caractéristique du charnier m’arrive tout à coup, dans une bouffée d’air. Nous approchions.

Les chefs s’arrêtèrent bientôt ; nous étions parvenus aux confins de