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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/202

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Melchior, adonnés à la théurgie ou magie, lesquels, suivant une étoile mystérieuse allumée par le Dieu Bon, ont trouvé l’étable de Bethléem, ont rendu hommage à Jésus comme descendant de Baal-Zéboub, et ont remis à Mirzam une cassette d’or, pour la mettre à l’abri du besoin ; c’est grâce aux libéralités de ces trois mages qu’elle a pu élever son enfant.

Le palladisme fait ressortir que les trois mages sont des adorateurs d’Ormuzd, en ajoutant qu’Ormuzd, dans la religion des Perses, correspond à Éblis-Lucifer, tandis qu’Ahrimane, principe du mal dans cette mythologie, n’est autre qu’Adonaï, le dieu des chrétiens.

Après la visite de Jaspard, Balthazar et Melchior, qui l’ont comblée de leurs dons, Mirzam a quitté Bethléem et s’est retirée en Égypte, où elle doit, d’après le conseil des mages, faire élever son enfant par les prêtres d’Isis et d’Osiris. À peine avait-elle mis le pied hors de la Palestine, que le roi de Judée, Hérode le Tyran, instruit par ses devins de la naissance d’un enfant appelé à donner la liberté au monde, ordonna le massacre de tous les nouveau-nés de Bethléem. Selon la légende maçonnique, c’est donc Baal-Zéboub, ancêtre de Jésus, qui préserva de l’égorgement le fils de Pandera et de Mirzam.

L’enfant Jésus, à qui Éblis-Lucifer et Baal-Zèboub avaient réservé de hautes destinées, fut élevé dans la magie par les prêtres égyptiens, et, lorsqu’il revint en Palestine, une fois le péril passé, il remplissait d’étonnement et d’admiration les prêtres juifs par la sagesse de ses réponses ; car il n’était aucune difficulté philosophique pouvant l’embarrasser ; il résolvait en quelques mots les problèmes sur lesquels on l’interrogeait. Il avait sept ans, quand il donna ces preuves de précocité ; et l’abominable légende palladique ajoute que c’est à cette époque que Joseph Pandera épousa Mirzam.

Jusqu’à dix ans, l’enfant prédestiné montra sa science et sa sagesse étonnantes ; et ici le parodiste sacrilège, — qui n’est autre que l’anti-pape Albert Pike, — établit des comparaisons. Il cite Pic de la Mirandole, qui, à dix ans, défiait les poètes et orateurs de son temps, parlait déjà la plupart des langues connues alors, et un certain enfant prodige, nommé Heinecken, dit-il, né à Lubeck, qui, a treize mois (c’est Albert Pike qui l’affirme), savait toute la Bible, à deux ans, l’histoire ancienne et moderne, qui parlait couramment, à quatre ans, l’allemand, le français et le latin, et qui mourut à cinq ans, succombant sans doute à un tel excès de science prématurée. Le prétendu souverain pontife de Charleston part de là pour mettre Jésus en parallèle avec Pic de la Mirandole et cet Heinecken, dans son instruction destinée aux grades d’Élue et de Maîtresse Templière. Il déclare qu’il n’y avait pas lieu, pour les catholiques, de di-