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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/370

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dis qu’il y a là toute l’histoire d’un infortuné qui a été enlevé et séquestré, qui a comparu devant des assassins se qualifiant juges, qui a été torturé pendant deux jours et trois nuits, puis assassiné. Je dis que tous les rapports, tous les procès-verbaux sont là. Voilà des documents qu’il serait intéressant de reproduire et qui fermeraient à jamais la bouche aux calomniateurs qui osent parler de l’Inquisition !

Mais je ne veux pas m’écarter plus longtemps de mon sujet. Revenons à la relation authentique du voyage d’Albert Pike en 1883, raconté et écrit par lui-même, le 20 octobre 1884.

J’ai tenu à citer ce voyage pour donner un exemple de l’activité prodigieuse de cet homme. Je demande si l’on trouverait sur terre beaucoup de vieillards comme celui-ci, accomplissant en six mois, à l’âge de soixante-quatorze ans, une tournée donnant un parcours total de 14,410 milles ; on peut, d’ailleurs, contrôler sur une carte des États-Unis l’exactitude du calcul du grand-maître. Or, le mille employé pour le calcul des distances dans l’Amérique Septentrionale n’est autre que le mille anglais, équivalant à 1,609 mètres. Prenez, je vous prie, une plume, et faites une multiplication ; vous constaterez que le chemin d’Albert Pike représente 23,185 kilomètres, en négligeant les fractions. Maintenant, si vous voulez mieux vous rendre compte encore de la valeur de cette série de déplacements successifs, considérez que, par chemin de fer, la distance de Paris à Marseille est de 863 kilomètres (compagnie P.-L.-M.), et celle de Paris au Havre, de 228 kilomètres (compagnie de l’Ouest) ; la traversée entière de la France par chemin de fer, en ligne presque droite, du nord au midi, donne donc 1,091 kilomètres. D’où il suit que, dans ces six mois de 1883, ce vieillard infatigable a effectué, sur le territoire des États-Unis, un voyage circulaire représentant plus de vingt-et-une fois le trajet du Havre à Marseille.


Maintenant que j’ai fait connaître Albert Pike, que j’ai raconté sa vie aussi complètement que le permet le cadre restreint de cette publication, que j’ai expliqué en quoi consiste l’organisation de la haute maçonnerie, il me reste à donner le tableau de cette organisation à une période récente. Je choisis le tableau dressé par Albert Pike le 1er mars 1891, c’est-à-dire quelques semaines avant sa mort. Le Suprême Chef Dogmatique dressait, chaque année a cette date, un tableau semblable, et il en adressait une copie à chaque Directoire ; soit, en tout, un original et six copies authentiques. C’est un de ces documents que j’ai eu entre les mains et que j’ai eu tout le loisir de recopier à mon tour.

Bien entendu, je n’ai pas été en relation personnelle avec tous les frères et toutes les sœurs figurant dans cette liste ; aussi, si une erreur