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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/409

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Pike a préféré acheter une maison située plus loin et derrière l’hôtel maçonnique. La communication est établie par le sous-sol. Les sœurs ont à suivre un corridor qui les conduit au-dessous de l’emplacement désigné dans le plan sous la rubrique : Magasin et cabinets, à côté du parvis de l’Adoption ; là, elles trouvent un escalier par où elles montent au rez-de-chaussée[1]. C’est donc au parvis de l’Adoption que frères et sœurs se rencontrent. Ce parvis est exactement de même dimension que celui des Grades Symboliques. Un magasin sert à remiser les tentures et accessoires ; et, comme de l’autre côté de l’immeuble, cette partie est divisée en deux étages, desservis par un escalier en spirale, en fer forgé. Il y a là aussi, des cabinets de réflexion.

Le temple de l’Adoption a la même superficie que celui des Grades Symboliques. Sa décoration est à la romaine, genre Pompéï. Cette salle sert aux tenues de tous les grades féminins, depuis l’Apprentie jusqu’à la Sublime Écossaise ; les servants n’ont qu’à changer les tentures et à disposer la salle conformément aux prescriptions rituelles, selon que l’on a à travailler à tel ou tel degré.

Parlons à présent, de la Galerie Sainte-Hypathie ou Galerie des Sœurs, qui fait le pendant de la galerie Saint-Jacques, et qui lui est semblable comme longueur et largeur. Elle est décorée de peintures allégoriques ou historiques dans un esprit irréligieux très prononcé. Un tableau, à droite en entrant, est remarquable, je parle au point de vue artistique ; il a le défaut de ne pas être placé dans son jour ; il représente Samson aux pieds de Dalila ; le peintre est le F∴ Stephenson, de Philadelphie. Le tableau principal, cloué au mur de gauche et au milieu, est signé : « G. Courbet, la Tour de Peilz, 1875 ». Cette toile représente la sédition populaire qui eut lieu, en 415, à Alexandrie, et qui coûta la vie à Hypathie, fille de l’astronome Théon, femme qui était, dit-on, un prodige de science. L’artiste, de son pinceau d’une brutalité voulue, recherchée, montre Hypathie au moment où, ayant été arrachée de sa chaise à porteurs, elle fut traînée

  1. Dans un certain nombre de grandes villes, la maçonnerie ne recourt pas à un aussi grand luxe de précautions, et la ruse employée pour détourner les soupçons au sujet des sœurs mérite une mention spéciale ici. On a soin de créer, au siège même du Suprême Conseil, du Grand Orient ou de la Grande Loge, des cours quotidiens pour adultes, hommes et femmes, où les profanes eux-mêmes sont admis ; dans des salles mises à la disposition des frères professeurs et de leur auditoire, on enseigne ainsi, chaque soir, la comptabilité, la sténographie, les règles du savoir-vivre, la géographie présentée sous la forme attrayante de récits de voyages, les principales langues étrangères ; ce sont des cours de conversation, des conférences blanches c’est-à-dire quasi-publiques, qui sont généralement très courues. De cette façon, un grand mouvement de va-et-vient est créé à l’hôtel maçonnique, où pénètrent, se rendant à leurs cours préférés, de nombreux auditeurs des deux sexes ; et ainsi l’entrée d’une dame ou demoiselle n’offre plus rien d’anormal. Seulement, les sœurs maçonnes savent quelle est la salle où il faut qu’elles aillent, et, une fois le seuil de l’immeuble franchi, ce n’est pas au cours d’un professeur qu’elles se rendent.