Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marie ; lorsqu’il met en question la Mère du Christ, il change subitement d’aspect : sa voix tremble, la colère étincelle dans ses yeux, il crispe les poings. Cependant, il parvient à se maîtriser finalement ; il passe la main sur son visage et prend un autre sujet de conversation, sans transition aucune.

Sa disparition est brusque. Henri Buist, qui m’a parlé, lui aussi, de ces manifestations de Lucifer, m’avoua un jour tenir de Webber que celui-ci avait été frappé de la soudaineté inexplicable du départ du dieu des palladistes : Buist en concluait que ce départ inopiné n’était peut-être pas volontaire ; car l’esprit eut souvent une phrase coupée à l’instant même où il s’évanouissait à l’improviste. Je ne sais pas ce que Webber et les autres en pensaient ; mais Buist, en me relatant ce détail, me parut quelque peu impressionné.

Derrière le Sanctum Regnum sont les archives du Rite Écossais (à droite) et celles du Rite Palladique (à gauche) ; l’entrée est par la salle du Suprême Conseil et par celle du temple des Mages Élus.

Je ne m’arrêterai pas à décrire les autres étages de l’immeuble. Il me suffira de dire que, partout, les salles destinées aux initiations et aux tenues des divers grades sont bien disposées et confortablement aménagées. Au premier étage, il faut signaler pourtant l’immense Salle des Fêtes, située exactement au-dessus du temple du Suprême Conseil, de celui des Mages Élus, du Sanctum Regnum et de leurs trois parvis ; cette salle a un très beau parvis au-dessus de celui des Kadosch, mais d’une grandeur double. La Salle des Fêtes, de forme rectangulaire, a 42 mètres de long sur 22 de large, soit, en superficie, 924 mètres carrés ; éclairée à l’électricité, elle offre un aspect féerique. La galerie de l’aile droite se nomme Galerie Saint-Frédéric (il s’agit de Frédéric de Presse) ; celle de l’aile gauche, Galerie Saint-Julien (il s’agit de Julien l’Apostat).

En somme, le Vatican luciférien de Charleston est un splendide immeuble, surtout à l’intérieur, et chaque jour il s’enrichit et s’embellit davantage, grâce aux contributions prélevées par les chefs suprêmes sur le budget des rites maçonniques du monde entier.

Du reste, en Amérique, et principalement aux États-Unis, la secte est très florissante.

On a pu voir, dans un dessin (page 345) le temple maçonnique de Philadelphie, qui a un faux air de superbe et grandiose cathédrale. Cinq années ont été nécessaires à sa construction, laquelle a coûté sept millions et demi de francs (1,500,000 dollars) ; la pose de la première pierre, à laquelle dix mille maçons assistaient, a été effectuée le 24 juin 1868 ; quant à la cérémonie d’inauguration, elle a eu lieu le 29 septembre 1873.

Le temple de Philadelphie, situé entre quatre rues, occupe un terrain