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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/513

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aux formes fantastiques, effrayantes ? que dire aussi de tous ces microscopiques géants, biscornus, ayant parfois à peine quelques millimètres d’envergure et qui supportent sur leurs corps grêles des pressions évaluées au poids de cent à cent cinquante locomotives avec leurs tenders ?

Voilà des choses, certes, dont on ne soupçonnait pas l’existence ; que ne trouvera-t-on pas encore en explorant ces fonds ? Quant au bathybius, dont la nature animale a fait l’objet de tant de discussions, et qui forme une masse de matière gélatineuse parfaitement vivante, — cela est aujourd’hui démontré et acquis, — j’en reparlerai à l’occasion de cette autre monstruosité, appelée l’homunculus, autour de laquelle travaille en ce moment la science luciférienne, stimulée par le fol orgueil de créer un être vivent, un homme créé par l’homme sans le concours de la femme, c’est-à-dire entièrement et absolument fabriqué, marchant, mangeant, respirant et pensant comme vous et moi. Tristes fous que ces savants égarés qui se sont posé de pareils problèmes et qui espèrent arriver à les résoudre !

Pour en revenir au gouffre dans lequel le continent de l’Atlantide a sombré comme l’autre, sous la main toute-puissante de Dieu, de même, sa providence a voulu que, sur les bords de l’abîme, des témoignages restassent pour perpétuer le souvenir de la terrible leçon donnée à l’humanité. Gibraltar est un de ces témoignages-là, comme Singapore en Asie atteste l’autre effondrement.

Par le même coup qui a entraîné l’Atlantide au fond de l’Océan, l’Europe, qui devait devenir le pays blanc et être peuplée par la race caucasique, a été séparée violemment de l’Afrique, qui devait devenir le pays noir et être peuplée par la race éthiopienne ou chamite.

De l’Atlantide, il ne restait plus rien ou à peu près ; pourtant, il est présumable que ce monde était habité ; mais aucun être humain n’échappe au cataclysme. Quelques singes, dont l’espèce s’est conservée jusqu’à nos jours à Gibraltar, les macaques sans queue (macacus innuus), se sauvèrent seuls, la face contractée dans un rictus animal, apeurés, regardant, stupides, cramponnés au roc, l’eau qui tourbillonnait à la place où naguère ils prenaient leurs ébats.

Ah ! qui nous dira jamais quels furent et quels seront les impénétrables desseins de Dieu ? Pauvres hommes, inclinons-nous, et récitons humblement notre Credo.

Oui, Gibraltar est resté là, roc pyramidal, masse énorme, comme pour dire à l’humanité : « Tout un monde solide existait ici, en apparence indestructible ; un souffle de Dieu a suffi à le pulvériser. »

Et maintenant, de Gibraltar à l’Amérique, l’océan roule ses formidables vagues sur le continent à jamais enseveli ; et, d’autre part, quel-