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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/521

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à mon interruption. Cette chambre-ci est vaste et donne accès sur cinq autres ; vous prendrez la troisième entrée, presque au milieu, entrée très basse qui vous obligera à vous courber littéralement en deux ou à marcher à genoux, à votre choix. Vous voilà alors dans une chambre du quatrième rang à gauche ; je dis quatrième rang d’après notre point de départ, remarquez bien ; car en tenant compte des montées et des descentes et de l’irrégularité de la superficie des chambres, il en est, soit au-dessus, soit au-dessous de celle-ci qui sont au sixième ou même au septième rang en partant d’autres chambres de la première zone… Donc, la chambre en question vous sera très reconnaissable, et vous verrez vite si vous vous êtes trompé par hasard dans une partie de l’itinéraire pour y arriver. Elle est extrêmement vaste, de forme circulaire, très haute de plafond, et, contrairement à la presque unanimité des autres chambres, elle ne comporte aucunes stalactites suspendues en grappes au milieu du plafond ; vous n’y remarquerez de cristallisations que sur les rochers formant les murs latéraux. En outre, vous y apercevrez un grand passage, large pour six hommes de front, lequel conduit à une autre salle magnifique de stalactites, et cette superbe salle, qui attire aussitôt les touristes qui s’aventurent jusque par là, possède une seconde issue, également large, ramenant le visiteur à l’une des chambres précédentes du troisième rang. Il résulte de ceci qu’aucun touriste, égaré par sa curiosité dans ces profondeurs, n’est retenu dans la chambre sans stalactites, très lamentable d’aspect et peu intéressante pour le vulgaire ; le profane ne fait que la traverser rapidement, dès qu’il a constaté, au premier coup d’œil, sa nudité, son dénuement absolu en fait de merveilles qui sont l’ornement des grottes. Le frère palladiste, au contraire, sait que cette salle, que nous appelons la Chambre du Milieu, dissimule l’entrée de nos ateliers et de notre laboratoire.

— Et comment trouverai-je cette entrée ?

— Rien n’est plus simple. Dès votre arrivée dans la chambre sans stalactites, et en suivant la paroi de gauche depuis l’étroit et bas tunnel qui vous aura donné passage, vous ferez le long de cette paroi quarante cinq bons pas ordinaires. Vous remarquerez que là le rocher est taillé net comme un mur coupé, mais que cependant il reprend à quatre-vingts centimètres plus loin en profondeur, comme si une seconde muraille de roc succédait à la première, interrompue, pour continuer à entourer la salle. Habituellement, la première chose que fait un touriste en pénétrant dans une chambre de grotte, c’est de s’avancer vers le centre et d’élever bien haut sa torche, afin de juger de l’aspect de l’ensemble. Dans la très vaste salle dont il s’agit, cet accident de la muraille ne s’aperçoit aucunement ; la paroi circulaire ne paraît avoir aucune irrégularité,