Aller au contenu

Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon cadavre ; il y avait, en effet, un peu plus de deux heures que je l’avais quitté, en m’efforçant de le rassurer. Il me paraissait bien difficile d’effectuer mon retour vers lui en moins d’une heure et quart ; car, sauf la station obligatoire à la salle d’honneur, je n’avais pas perdu de temps.

Heureusement, Crocksonn m’avait réservé une surprise, agréable celle-ci. Un ascenseur établit une communication des plus rapides entre la sortie du laboratoire et l’entrée des forges, côté de la salle quadrangulaire ; on n’a donc pas à refaire tout le chemin parcouru depuis la salle d’honneur, située à l’extrémité des ateliers, jusqu’aux officines de toxicologie. L’ascenseur nous descendit à la comptabilité, placée à deux pas des premières forges, sur la gauche ; maître Joë, me disant adieu, me montra tout auprès la plate-forme du couloir d’arrivée.

Un contre-maître me raccompagna, ouvrit la glissante porte de fer, qui est la uniquement pour supprimer le courant d’air, lequel, s’il était permanent, trahirait le secret de l’étroite communication existant entre la Chambre du Milieu et la salle quadrangulaire ; et finalement, je redescendis par l’échelle de corde, que le frère spœléïque retira aussitôt que j’eus mis pied à terre.

En peu de temps, je regagnai la première chambre ; mon bonhomme de guide, en me revoyant vivant, ne pouvait en croire ses yeux.

Le lendemain, à pareille heure, j’étais déjà bien loin de Gibraltar.

Et maintenant, si cette excursion tente quelqu’un de mes lecteurs, il lui sera facile de la faire. Je recommande, avant tout, la prudence : ne pas flâner dans la ville, ne pas s’y faire remarquer ; se mettre immédiatement en rapport avec un guide et demander à visiter les grottes San-Miguel, que tous connaissent ; une fois dans les grottes, bien se conformer à mon itinéraire, qui est d’une exactitude absolue ; se munir d’une canne à rallonge, pourvue d’un crochet, pour faire tomber l’échelle de corde, qui est au bord de la niche, entrée du couloir secret ; éteindre sa torche, quand on sera à la porte de fer, et ne pas la rallumer, bien entendu, une fois la porte refermée ; se glisser lentement et à plat ventre dans le couloir, dès que l’on apercevra le feu des forges ; on pourra arriver ainsi jusqu’à la plate-forme, et de là on distinguera très bien les premiers ateliers et leurs ouvriers au travail ; mais il ne faudra pas songer à aller plus loin, même en étant armé de plusieurs revolvers chargés.