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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/556

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Nous sommes donc là, on le voit, en présence d’une chose commencée par une jonglerie comme dans les foires, continuée, comme dans les foires encore, par de la photographie en plein vent. Mais tout cela n’empêche pas de nombreux adeptes d’y croire et d’y croire sérieusement, tant l’esprit humain est ainsi fait qu’il apâte le merveilleux.

Le peresprit est entièrement entré dans nos mœurs. D’aucuns qui ne croient pas en Dieu, croient au peresprit comme ils croient au sel renversé sur la nappe ou aux couteaux en croix. Esprits forts à rebours.

Moi, le lecteur le sait, je ne fais pas de théorie, je n’abstrais pas des quintessences, je raconte des faits que j’ai vus ; et si, catholique jusques aux moelles, parce que croyant, devant les mystères que la Sainte Église me révèle et que je sais divins, je m’incline, prononçant humblement, mais à haute et intelligible voix, mon Credo, je déclare néanmoins, hautement aussi, que je n’en perds pas pour cela mon libre arbitre, ma volonté qui me rend responsable devant Dieu, et à cause de cela j’ai le droit d’examiner sérieusement et de faire passer au crible de la science et de l’expérience ce que me disent ceux auxquels personne n’a donné qualité pour me parler et qui pour paroles d’Évangile veulent me faire avaler des sornettes d’Amérique et frapper mon cerveau avec des coups donnés sur un mur.

Je suis de ceux qui n’écoutent, ne croient, et ne craignent que Dieu.

Le lecteur me pardonnera ce préambule, je l’espère ; peut-être même choquera-t-il quelqu’un. Je sais, en effet, qu’il y a, parmi les catholiques, quelques bons esprits égarés dans le domaine du spiritisme, lequel n’est pas, qu’ils le sachent bien, celui de l’esprit. Ceux-là sont, ou victimes de la supercherie, ou, ce qui est plus grave, victimes du diable. Je prie Dieu, ardemment, que ce que je vais leur raconter leur ouvre les yeux.



CHAPITRE XIX

Les pseudo-spirites.


C’est à Berlin que j’ai vu pour la première fois, et de près, ce qu’est le véritable spiritisme, et qu’il m’a été donné de toucher du doigt ce qui le différencie du pseudo-spiritisme. Voici comment :

C’était, il m’en souvient comme si le fait s’était passé hier ; un soir, je sortais d’un aréopage libre de Kadosch qui s’était réuni pour la circonstance