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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/596

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aisément corps avec eux, en se moulant dessus, — toutes circonstances qui facilitent singulièrement les mouvements de totalité, d’ensemble, c’est-à-dire la production des phénomènes pseudo-spirites, — il n’en est plus de même lorsque le dos de la main, rond, convexe, lisse, avec ses phalanges, s’applique sur cette même table ; il ne peut évidemment que s’y poser, les doigts plus ou moins, non plus en contact avec le bois sur lequel ils peuvent agir, mais bien en l’air, s’agitant fatalement au moindre mouvement, à la moindre contraction, comme autant d’aiguilles de galvanomètres indiquant la supercherie. — Il en sera de même si, par un artifice quelconque, une tringle par exemple, une retenue quelconque, on peut faire que les mains du médium touchent simplement la table, mais sans pouvoir peser ni pousser soit en avant soit en arrière : les phénomènes s’arrêteront tout aussitôt.

Donc, plus de mains à plat, plus de phénomènes du pseudo-spiritisme des tables tournantes et parlantes. C’est ce qui s’appelle rompre les chiens (ou les ânes) en un tour de main.

La séance privée de la Germania était terminée.

Nos deux médiums s’en furent avec force salamalecs, pour se faire régler le montant de leur petite représentation.

Enfin, le président résuma rapidement les divers incidents, en rappelant : 1° que les théories du peresprit étaient de simples hallucinations d’imaginations en délire ; 2° que les phénomènes par lesquels on prétendait les prouver étaient de pures jongleries.

Il nous montra par une dernière expérience, et pour ne rien oublier, une illusion qui facilite la supercherie. Quand, en effet, deux individus sont assis devant un guéridon, et que l’un d’eux pousse avec la main et le bras, il fait nécessairement, dans ces mouvements actifs qu’il exécute, remuer cette main et ce bras ; mais, comme son vis-à-vis, le passif, est obligé de suivre les mouvements de la table sur laquelle il a la main, il remue, lui aussi, comme l’autre, la main et le bras ; de telle sorte qu’il est impossible de distinguer l’actif du passif, si l’on n’a pas en mémoire les indications citées plus haut.

Puis, le président conclut en nous faisant en peu de mots la critique des autres manifestations pseudo-spirites, photographies et autres fadaises.

Il était plus de minuit, à présent. Il semblait que tout fût fini. Aussi, c’était à qui enjamberait les banquettes ; chacun s’en allait : pourtant, quelques assistants, descendus au milieu du cirque, paraissaient moins pressés de partir ; ils causaient entre eux, et l’on eût dit qu’ils laissaient la foule s’écouler, pour ne quitter la salle à leur tour qu’après la cohue. Le président était parmi ceux-ci.