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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/713

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d’hui, je vais la raconter en quelques pages ; et, comme elle me paraît devoir être classée dans ce chapitre spécial à l’obsession, je qualifierai le fait extraordinaire de Diana Vaughan : cas exceptionnel d’obsession protectrice.

En même temps, il me servira à donner un exemple de cette demi-indépendance dont jouissent quelques sœurs maçonnes. Si invraisemblable que cela puisse paraître, il y a, en effet, des maçonnes pour qui la règle générale est levée dans certains cas, qui ne passent pas par toutes les formalités rituelles ; jugées nécessaires, indispensables à la secte, pour une raison quelconque, elles sont affranchies de telle ou telle obligation ; car on ne veut pas, en les choquant, se priver de leur influence soit extérieure soit intérieure.

Ainsi, dans la Maçonnerie ordinaire, et pour ne parler que de notre pays, la sœur Juliette Lamber (Mme Edmond Adam) serait exclusivement, si j’en crois ce qui m’a été affirmé, une maçonne politique. Pour être initiée, elle l’est bien ; car elle est inscrite à l’annexe de la loge la Clémente Amitié, de Paris, et elle a longtemps tenu la place la plus marquante dans les hauts conseils du Grand Orient de France. Très intelligente, très active, d’une merveilleuse adresse à se créer des relations dans le monde parlementaire républicain, elle a, fort habilement, joué le rôle d’Égérie auprès de plusieurs de nos hommes d’État. Aussi, les frères qui sont dans le secret de l’existence des loges androgynes se sont bien gardés de la heurter jamais en quoi que ce fût. Admirée de tous, adulée, elle a été la reine de leurs réunions, où elle tenait le sceptre de la grâce et de l’esprit. Il est malheureux que Juliette Lamber, qui est loin certes d’être la première venue, ait mis ses belles qualités intellectuelles au service d’une société dont le programme est la ruine de l’Église. Je n’écrirai pas ici l’histoire maçonnique de Mme Adam, par la raison que son œuvre, même dans les ateliers d’Adoption, a été essentiellement politique, et que la question politique est la partie la plus accessoire de mon ouvrage. Du reste, depuis quatre ans environ, la sœur Juliette Lamber, sans être complètement démissionnaire, si ce n’est de ses fonctions, a cessé toute activité au Grand Orient ; toujours de cœur avec ses frères maçons, il semble établi qu’elle ne fréquente plus leurs loges ; en tout cas, elle n’y parait plus et a été officiellement remplacée.

J’ai cité cette maçonne de haute marque, uniquement comme exemple de la sorte d’indépendance à laquelle je viens de faire allusion et que nous allons retrouver, plus intense, à un autre point de vue, et plus surprenante encore, chez Diana Vaughan. L’indépendance au sein même du Palladium, c’est-à-dire dans les triangles de la maçonnerie absolu-