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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/732

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ture… Est-il admissible, en effet, que la franc-maçonnerie se roule dans ces bas-fonds de la stupidité et du grotesque ?…

Pourtant dans les loges des 26e et 28e degrés de l’Écossisme, les choses se passent réellement ainsi.

Le sceptique, endurci dans le parti-pris, croira la maçonnerie calomniée. Le chrétien fidèle, qui sait que Satan est capable de toutes les ruses, ne s’étonnera point ; et c’est le vrai chrétien qui aura raison.

Ce n’est donc pas par sottise, mais bien par une rouerie consommée, que le diable affecte parfois de se manifester sous une forme ridicule, stupide, idiote ; il frappe d’avance de discrédit les récits qui pourront être faits au sujet de ses manifestations, lorsque le narrateur aura pour but de le démasquer et de combattre son œuvre de perdition des âmes.


D’autres faits d’obsession terrifiante m’ont été cités, et notamment des cas où il y a eu mort d’homme.

Mais ici je suis tenu à une excessive réserve.

J’ai rapporté les deux faits que mon honorable correspondant de Dampierre a bien voulu mettre à ma connaissance, et je crois qu’il n’y a eu dans ces deux cas aucune erreur, aucune illusion ; j’ai été témoin, moi-même, de faits bien autrement extraordinaires. D’autre part, je n’ai assisté personnellement à aucune de ces aventures que la légende de Faust a mises à la mode et où le démon tue ou emporte une créature de Dieu.

Le diable nous assiège surtout au moment de la mort ; mais il n’a pas le pouvoir de nous la donner. Arrive-t-il à la déterminer par des moyens détournés ? La question est des plus délicates, et je n’ai pas qualité pour la résoudre.

Ainsi, il est hors de doute que l’idée du suicide, résolution criminelle au premier chef, est inspirée par Satan : l’homme qui se détruit lui-même, qui supprime de ses mains cette existence à lui donnée par Dieu, commet, en agissant de la sorte, un péché mortel ; mais, bien entendu lorsque celui qui se fait son propre meurtrier n’est pas en proie à un accès d’aliénation mentale, il y a chez lui acte de libre arbitre ; il a succombé à la tentation, exactement comme lorsqu’il commet tout autre crime. Bien plus, jusqu’à l’ultième seconde de la vie, il peut, même lorsqu’il est irrémédiablement perdu dans son corps, sauver encore son âme par un acte de contrition parfaite, s’il sait retrouver sa foi en cette terrible circonstance, s’il pousse au fond de son cœur un cri de regret sincère de son suicide et de ses péchés passés, joint à un cri suprême d’amour vers Dieu. Tel l’individu qui se pend, celui qui se noie ou s’asphyxie de n’importe quelle manière ; nous ne pouvons affirmer, en toute