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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/767

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il ne forme qu’une famille dans l’ordre des primates, les diverses divisions des singes venant ensuite :

Ainsi :

Premier système. Premier ordre : l’homme ; deuxième ordre : les singes ; troisième ordre : les chauves-souris ; quatrième ordre : les chiens, les ours, etc., etc…

Second système. Premier ordre : les primates. Première famille : l’homme ; deuxième famille : les singes supérieurs ou anthropoïdes (gorille, chimpanzé, orang, gibbon) ; troisième famille : les singes de l’ancien continent ou pithéciens (semno-pithéques, guenon, magot, cynocéphales ; rappelons-nous qu’il y a des magots à Gibraltar et Yokohama, et voyez le rapprochement) ; quatrième famille : les singes du nouveau continent ou cébiens (hurleurs, atèle, sajou, ouistiti) ; cinquième famille : les lémuriens (maki, galéopithèque).

Deuxième ordre : les chéiroptères ou chauves-souris. Troisième ordre : les carnassiers. Première famille : les plantigrades ; deuxième famille : les digitigrades, etc., etc., etc… Voilà donc les animaux qui descendent les uns des autres et se transforment !…

« Remarquons en effet, disent ces obsédés, que les lémuriens ou singes inférieurs forment la transition des singes ordinaires aux divers genres disséminés dans les ordres suivants ; que dans la famille des anthropoïdes, le gibbon établit le passage aux pithéciens, et que parmi les cébiens quelques-uns jouent le même rôle à l’égard des lémuriens. Ces formes intermédiaires comblent donc toutes les lacunes du premier ordre, on le voit, et cela entre bien, concorde bien avec la théorie du transformisme. »

Jusque-là, la science anthropologique triomphe : elle me montre très nettement, ou du moins suivant une hypothèse que je peux considérer comme tenant debout en apparence, sinon comme acceptable, que le Créateur…, pardon, le hasard, au lieu de créer séparément chaque espèce animale l’une après l’autre, a créé pour l’animalité la vie, en disant : « Va et développe-toi en une succession ininterrompue de siècles et de formes, suivant des lois, des règles, un ordre, que j’ai de toute éternité prévus, établis, ordonnés. » Et déjà, même dans cette hypothèse faite pour séduire ceux qui oublient la Bible, on ne peut manquer de s’étonner que le hasard soit si intelligent !

Malheureusement, pour les anthropologistes, cette belle théorie craque au plus beau moment. Au moment même où, après avoir soigneusement étudié dans tous ses détails cet enchaînement de hasards que j’expose ici à grands traits, au moment où la conviction obsidionale du diable commence à me pénétrer, lorsque j’oublie l’Écriture Sainte, au