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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/775

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de se targuer d’une fausse science, d’une apparence d’esprit-fort bien au-dessus de ce que Satan appelle « les sornettes enseignées par la religion » ou des vieilles histoires des temps passés ; elle lui permet le développement de l’incommensurable orgueil, une des principales caractéristiques du Maudit, qui a la prétention, mais la prétention seule, de poser des conditions, des lois et des bornes à Dieu.

Mais, sans sortir de cette anatomie, et puisque l’anthropologie matérialiste s’y cantonne avec entêtement, puisqu’elle brandit cette mâchoire… d’âne, dont elle se fait une arme contre l’Église, prenons, nous aussi, cette mâchoire, et ouvrons le chapitre des seulement.

L’homme descend du singe, dirai-je, et supposons un instant que cela soit vrai… Seulement… Seulement quoi ?…

Eh bien ! mais, comme seigneur vient de dominus, en changeant domi en sei et nus en gneur.

Vous avez pu le remarquer, en effet ; dans cette longue énumération des qualités ou des caractéristiques anatomiques qui rapprochent le singe de l’homme, tout était absolument pareil, semblable,… sauf ce qui ne l’était pas ; tout se ressemble… sauf ce qui diffère.

Ainsi, tenez, parmi nos vieux frères les singes, c’est le chimpanzé, n’est-ce pas ? qui se rapproche le plus de nous ; et, ma foi, en ce qui me concerne, j’en suis bien aise ; j’aime assez le chimpanzé… Pas vous ? parce que vous n’en avez jamais vu… ni moi non plus, d’ailleurs, ni non plus les anthropologistes les plus convaincus.

Alors, comment ont-ils pu trouver et démontrer ?… Ah ! voilà le seulement… Le malheur est que le chimpanzé est le plus rare des singes ; et, tandis que le premier échelon, l’intermédiaire direct, vous savez bien, l’homme-singe, l’anthropopithèque, manque absolument et s’obstine à ne pas répondre aux appels désespérés dont l’anthropologie fait retentir les échos des quatre coins de l’univers, d’autre part, le second échelon, le chimpanzé, est des plus rares et des plus discrets ; il est presque impossible de s’en procurer des spécimens.

Voici d’ailleurs ce qu’il en est des anthropoïdes. Le genre gorille se borne à une seule espèce certaine jusqu’à ce jour, le gorilla Savagii, dont les mœurs ont été décrites par F. du Chaillu (Voyages et aventures dans l’Afrique équatoriale). L’orang, ou simia ou satyrus, comprend deux espèces : le rufus ou roux de Bornéo, et le bicolor de Sumatra. Le gibbon, ou hylobates, a de nombreuses espèces, dont une dizaine d’étudiées ; le plus grand est le siamang, ou hylobates syndactylus. Enfin, du chimpanzé, ou troglodite, on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’il en existe un noir ou niger, ou troglodites Aubryi, dont un unique échantillon est parvenu en France, puis, croit-on, un calvus ou