Aller au contenu

Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/776

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chauve, ou koola kamba, un Schweinfurtii, des rives du Haut-Nil, blanc, et le Livingstonii ou soko, des bords du lac Bengwelo. Somme toute, notre frère le plus direct ne nous est guère connu que par les racontars des voyageurs, qui l’ont rencontré fuyant à toutes jambes devant eux.

Bizarre, n’est-ce pas ? cette antipathie entre frères !… L’échelon direct, l’aîné, nous tire une révérence définitive, personne ne l’a jamais connu ni même vu, pas même à l’état de fossile ; le cadet nous fuit dès que nous l’approchons, et pour l’apercevoir, il nous faut prendre une longue-vue… Franchement, ce n’est pas de chance pour le pauvre homme, d’être ainsi réduit à des conjectures sur cette précieuse parenté avec le singe, d’être incapable de retrouver bien et dûment les papiers de sa propre famille ! Triste et pénible situation, en vérité !…

Néanmoins, pour tout dire, l’anthropologie a pu saisir un spécimen du frère cadet, un seul et unique spécimen, vous entendez ; et, au lieu d’une reconnaissance aimable, tout un drame de famille s’est déroulé entre la science matérialiste et lui.

Elle l’a tué, écorché, dépecé, séché, puis monté en squelette, pour en tirer les caractéristiques qui suivent :

Prenons le crâne seulement, et établissons les comparaisons avec celui de l’homme. Nous trouvons : angle facial (méthode de Cloquet), homme, 72 ; chimpanzé, 26 ; renard, 22,5 ; sanglier, 10.

Il y a donc, on le voit, à cet égard, une distance colossale entre l’homme et le singe, plus colossale encore qu’entre celui-ci et les autres animaux, et nous constatons que l’homme se détache ainsi de la façon la plus remarquable de tout le reste des mammifères, y compris les anthropoïdes.

Comparons maintenant les rapports du crâne et de la face. Ce rapport, chez l’homme, est comme 1 est à l, et, chez le chimpanzé, comme 4 est à 1, d’après Cuvier. La capacité crânienne est de 1,500 centimètres cubes, chez l’homme, et de 400, chez le chimpanzé.

Ici encore, cette capacité, qui est de 105 chez le chien terre-neuve et s’accroît progressivement dans la série animale et graduellement, s’ac croit tout à coup et d’une façon prodigieuse chez l’homme ; et en tenant compte de la masse relative du corps, cette différence est plus considérable encore.

Par ce court aperçu sur quelques caractères, seulement du crâne, on peut juger du reste ; et voilà pourtant le singe dont on veut nous faire descendre !…

Ces divergences sont absolument capitales, rien n’est plus frappant ! Partout et toujours, il y a un saut énorme, et hors de toutes proportions,