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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/777

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dès qu’on arrive à l’homme ; et, même anatomiquement, il ressemble au singe comme une cuillère ressemble à une fourchette. L’homme et le singe sont deux créatures, comme la fourchette et la cuillère sont deux ustensiles ; mais toute la ressemblance s’arrête là.

Que sera-ce donc, si nous voulons maintenant aborder la question des fonctions générales et manifestations psychiques ?

Sans parler de la durée de la vie, plus que triplée chez l’homme par rapport au singe, nous pouvons constater que l’homme habite toutes les régions du globe et se plie à tous les climats, à toutes les conditions de l’existence ; les pôles et l’équateur, les hautes montagnes et les profondes vallées, les déserts arides et les marécages insalubres, rien ne le rebute. Les Esquimaux se montrent jusqu’au 80e degré de latitude ; des populations vivent et prospèrent jusqu’à 4 et 5,000 mètres d’altitude et au-delà, dans les Andes et l’Himalaya ; on s’étonne de trouver des tribus indigènes sur ces vastes espaces où Livingstone voyageait avec de l’eau jusqu’à la ceinture ; 47 degrés au-dessus de zéro observés à l’ombre au Sénégal, et 56 degrés au-dessous constatés aux pôles, sont des extrêmes, c’est-à-dire un écart de 103 degrés, dans lesquels l’homme peut vivre et prospérer. Il n’en est pas de même des animaux, moins encore des singes, et moins encore du chimpanzé, dont l’aire d’habitat est seulement la côte occidentale d’Afrique, sur une longueur d’environ 15 degrés de chaque côté de l’équateur.

L’homme fait cuire ses aliments, il asservit toutes les autres espèces ; nu et sans armes naturelles, il doit tout à son industrie. Jamais singe, jamais chimpanzé, jamais anthropoïde quelconque n’a su se tailler un bâton, utiliser une pièce, faire du feu, ni se construire un abri.

Les sauvages les plus inférieurs, connus, ont des notions de dessin ; ils savent faire pour le moins une croix ou un rond, en imitation des objets qu’ils ont sous les yeux.

Toutes les races humaines possèdent le langage articulé. Dans toutes les races humaines, il existe les sentiments de coquetterie, et toutes ont la notion du nombre. L’homme a enfin, comme une de ses principales caractéristiques, la religiosité, la notion du devoir, une morale, la conscience du moi, de la personnalité ; et, pour en revenir à la médecine, si l’hystérie, cette maladie du système nerveux, lui est commune avec les animaux, c’est parce que, nous le savons, elle est une maladie du système nerveux animal, ganglionnaire, de la vie végétative ; l’homme a, par contre, seul, un privilège, triste privilège, il est vrai, mais qui prouve bien que seul il a un cerveau pensant, une âme, le privilège de la folie. D’autre part, il partage avec les animaux la possibilité de la possession diabolique ; ce qui prouve bien que cette dernière n’est une maladie ni