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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/802

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Et Mgr Fava, publiant ce qui précède et confirmant de sa haute autorité les pages érudites de l’abbé Barras, ajoute :

« L’auteur des Philosophumena décrit longuement les procédés physiques à l’aide desquels on obtenait alors ces diverses illusions, qui ne seraient qu’un jeu pour la science moderne. Mais de ces opérations naturelles il distingue nettement les relations démoniaques.

« Encore aujourd’hui, les évocateurs par le magnétisme, le spiritisme et les tables tournantes, ne se font pas scrupule d’emprunter aux ressources de la physique quelques-uns de leurs effets. Le double caractère de Simon le mage se retrouve ainsi dans ses successeurs. Comme lui, ils plongent dans un sommeil factice ; ils font apparaître sous le nom d’âmes des morts ceux que le mage de Gitta nommait les démons familiers.

« Le dix-neuvième siècle reproduit jusque dans les moindres détails les ténébreuses évocations que saint Pierre frappait d’anathème à Samarie, et notre civilisation, si fière d’elle-même, se replonge « dans le fiel d’amertume et les liens d’iniquités » du magicien Simon. À tel point que l’on croirait écrites d’hier ces lignes de Tertullien (Apologeticum, xxiii) : « Les mages évoquent les fantômes ; ils souillent par leurs infamies les esprits des morts ; ils font rendre des oracles par la bouche des jeunes enfants ; ils produisent des effets prodigieux en faisant tourner les objets ; ils plongent dans le sommeil, et les tables devinent sous leurs mains. » (Mgr Fava, Jésus-Christ, roi éternel, tome II, pages 48-49.)

Pendant que je tiens l’admirable livre de l’évêque de Grenoble, j’en reproduirai encore quelques pages ; car, pour les faits surnaturels déjà admis par l’Église, il est nécessaire de ne puiser qu’aux sources de la plus pure vérité.

Mgr Fava, en effet, parle encore de Simon le magicien à deux reprises. Il nous le présente de nouveau, lorsque saint Pierre le rencontra pour la seconde fois ; c’était à Césarée. Là, en arrivant, le chef des apôtres s’aperçut que Simon était venu prêcher ses erreurs et insinuer dans les âmes la licence de sa morale dépravée.

« Rappelons, dit Mgr Fava (tome II, pages 96 et suivantes), que cet homme, né à Gitta, en Samarie, avait appris la philosophie et les sciences à Alexandrie ; puis, entraîné par un désir ardent de savoir, il avait étudié les doctrines de l’Inde, de la Perse et de l’Égypte, de la cabale juive, du platonisme alexandrin et des mythologies polythéistes. Alors, s’élevant dans son fol orgueil, il résolut de fusionner tous ces systèmes ensemble pour s’en former un à lui-même. Il poussa l’audace jusqu’à prétendre arriver à la connaissance de l’Être divin, jusque dans son essence, sans le secours de la Révélation divine, ce qui est une folie, puisque Dieu est et doit être inaccessible, dans sa nature infiniment parfaite, à l’esprit