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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/808

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« La multitude éclatait en applaudissements unanimes et le saluait comme une divinité.

« Cependant, le cœur et les mains levés au ciel, je suppliais Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur d’abattre l’orgueil de cet imposteur, de briser la puissance des démons qui séduisaient les hommes pour les entraîner à la mort, de faire précipiter cet impie dans une chute ignominieuse, et de lui rompre les membres, mais en lui conservant la vie.

« Je m’écriai donc, en regardant Simon :

« — Si je suis réellement l’homme de Dieu, le véritable apôtre de Jésus-Christ, le docteur de la piété sincère, et non un imposteur tel que toi, misérable Simon, j’ordonne aux puissances du mal, complices de ton impiété, qui te soutiennent dans ton vol, de t’abandonner à l’instant. Tombe de ces hauteurs, et viens entendre les railleries de la multitude séduite par tes prestiges ! »

« J’avais à peine parlé, que Simon, délaissé par les démons, tombait avec fracas dans l’amphithéâtre. Il avait une cuisse fracturée et les doigts des pieds désarticulés.

« — Le Dieu que Pierre annonce est le seul Dieu véritable ! » disait-on dans la foule.

« Dès lors, un grand nombre d’hommes abjurèrent les erreurs de Simon. D’autres, pourtant, véritables fils de perdition, persévérèrent dans cette secte funeste. »

L’abbé Barras ajoute :

« Telle est aussi, croyons-nous, la vérité complète sur la tentative solennelle d’ascension, essayée à Rome par Simon le magicien. Nous disons la tentative solennelle, car elle ne fut pas la seule, et il est certain qu’en d’autres occasions et dans des séances particulières le Mage de Samarie réussit plus d’une fois à faire croire qu’il avait la puissance de se soutenir dans les airs.

« On le vit, rapporte Anastase le Sinaïte, faire marcher des statues ; se précipiter dans les flammes sans en être atteint ; se métamorphoser et prendre la figure d’animaux divers ; faire apparaître, dans les festins, des fantômes et des spectres ; faire mouvoir les meubles d’un appartement, par des esprits invisibles. Il disait qu’il était escorté par une multitude d’ombres, auxquelles il donnait le nom d’âmes des morts. Enfin, il s’envolait dans les airs ; et, un jour, Néron l’ayant fait appeler, il disparut soudain, laissant un fantôme à sa place. (Saint Anastase l’Ancien, livre IX, chap. xx.)

« Suétone raconte en ces termes la chute de Simon : « Un an après son avènement, Néron fit construire près du champ de Mars un amphithéâtre en bois. Il y donna d’abord un combat de gladiateurs, où il