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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/819

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torbéry ; saint Wenceslas, duc de Bohème ; saint Brunon, archevêque de Cologne ; saint Aimard et saint Mayeul, de Cluny ; saint Luc le Jeune ; saint Paul de Latre ; sainte Adélaïde, reine ; saint Adalbert, archevêque de Magdebourg, apôtre des Slaves ; saint Nicon Métanoïte ; saint Wolfgang, évêque de Ratisbonne ; saint Jean de Parme ; saint Bernard, de Menthon, qui a laissé son nom à deux célèbres sommets des Alpes ; saint Ethelwold, de Winchester, et saint Oswald, de Worchester ; saint Édouard, roi d’Angleterre, et sa sœur sainte Édith ; saint Rudesinde, évêque de Dume, en Espagne, et sa parente sainte Segnorine, abbesse de Baste ; saint Nil, de Calabre ; saint Romuald ; saint Bernard, évêque de Hildesheim ; saint Étienne, duc et apôtre de Hongrie ; saint Henri, empereur et roi de Germanie, et sa femme sainte Cunégonde ; saint Héribert, de Cologne ; saint Olaiis, roi de Norvège ; saint Sifride, apôtre de la Suède ; saint Froïlan, évêque de Léon ; saint Attilan, évêque de Zamora ; et tant d’autres encore, sans oublier surtout saint Dunstan, le grand saint d’Angleterre, si célèbre par ses miracles.

Puisque j’en suis au chapitre de la possession, il est juste de dire quelques mots de saint Paul, de Latre, qui a délivré beaucoup de possédés. Ce saint fut d’abord ermite ; il habitait, en Grèce, une caverne au sommet d’un pic élevé et escarpé, le mont de Latre. Bientôt, des religieux, ardents aux austérités, vinrent se joindre à lui, dans d’autres grottes du même pic, et c’est ainsi que se créa, sous le nom de « la laure de Latre », un monastère tout en cavernes, en guise de cellules ; la plus belle grotte fut la chapelle, sous le vocable de Saint-Michel.

Saint Paul se mortifiait à un tel point, qu’on ne le vit jamais se coucher pour dormir : il s’appuyait seulement contre un arbre ou contre un bloc de pierre. Il faisait la cuisine pour ses compagnons, et l’aspect du feu lui faisait alors verser d’abondantes larmes ; car il ne pouvait s’empêcher, en cette circonstance, de songer aux flammes éternelles de l’enfer, où souffrent et blasphèment tant d’âmes qui auraient pu, au contraire, s’assurer par une vie pieuse les joies sans fin du royaume de Dieu. Quant à lui, il ne se nourrissait qu’avec de l’huile de lampe, et encore prenait-il la plus mauvaise huile, celle qui restait au fond des récipients, encrassée et mêlée aux bouts de mèches brûlées.

Tant de sainteté valut à Paul le don des miracles. Il voyait son bon ange auprès de lui ; les bêtes féroces venaient lui tenir compagnie, sans lui faire aucun mal ; lorsqu’il disait la messe, au moment où il communiait, tout le haut de la montagne était secoué par un tremblement de terre, et les roches se mettaient en mouvement, sans blesser cependant ni les moines ni les pèlerins. Un jour que la communauté manquait de vivres, il se mit en prières, et aussitôt on vit arriver, escaladant le pic,